Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Gran Torino, le 3 juillet au cinéma ****



Gran Torino de Clint Eastwood

Synopsis


Walt Kowalski est un ancien de la guerre de Corée, un homme inflexible, amer et pétri de préjugés surannés. Après des années de travail à la chaîne, il vit replié sur lui-même, occupant ses journées à bricoler, traînasser et siroter des bières. Avant de mourir, sa femme exprima le voeu qu'il aille à confesse, mais Walt n'a rien à avouer, ni personne à qui parler. Hormis sa chienne Daisy, il ne fait confiance qu'à son M-1, toujours propre, toujours prêt à l'usage...
Ses anciens voisins ont déménagé ou sont morts depuis longtemps. Son quartier est aujourd'hui peuplé d'immigrants asiatiques qu'il méprise, et Walt ressasse ses haines, innombrables - à l'encontre de ses voisins, des ados Hmong, latinos et afro-américains "qui croient faire la loi", de ses propres enfants, devenus pour lui des étrangers. Walt tue le temps comme il peut, en attendant le grand départ, jusqu'au jour où un ado Hmong du quartier tente de lui voler sa précieuse Ford Gran Torino... Walt tient comme à la prunelle de ses yeux à cette voiture fétiche, aussi belle que le jour où il la vit sortir de la chaîne.
Lorsque le jeune et timide Thao tente de la lui voler sous la pression d'un gang, Walt fait face à la bande, et devient malgré lui le héros du quartier. Sue, la soeur aînée de Thao, insiste pour que ce dernier se rachète en travaillant pour Walt. Surmontant ses réticences, ce dernier confie au garçon des "travaux d'intérêt général" au profit du voisinage. C'est le début d'une amitié inattendue, qui changera le cours de leur vie.
Grâce à Thao et sa gentille famille, Walt va découvrir le vrai visage de ses voisins et comprendre ce qui le lie à ces exilés, contraints de fuir la violence... comme lui, qui croyait fermer la porte sur ses souvenirs aussi aisément qu'il enfermait au garage sa précieuse Gran Torino...

L'avis de Thibault

Avec Gran Torino, sorti peu de temps après le sublime L'échange, Clint Eastwood confirme sa bonification au fil de ses réalisations. Il tient dans ce récit mélancolique, la synthèse de sa carrière, ainsi que la synthèse d'un pays qu'il a vu se métamorphoser durant presque 80 années.

Il signe un film émouvant, où il met en avant son âge et dans lequel il livre une sorte de mea-culpa pour certains de ses anciens films dont les issues qu'il a pu faire prendre à ses personnages lui semblent maintenant médiocres. La violence n'est pas la solution...

Clint Eastwood nous brosse parfaitement le portrait de Walt Kowalski, un ancien combattant de la guerre de Corée, rongé par son passé et qui se renferme sur lui même. Il n'a que pour seule confiance sa chienne Daisy. Il nous montre d'abord un personnage triste, dur, ayant des remords, non sociable. A l'arrivée de ses nouveaux voisins, des d'immigrants asiatiques, Walt se renferme encore plus sur lui-même et dans ses préjugés. Mais les jours passent et Walt va faire connaissance de ces gens, surtout de Thao et de Sue. Le personnage change et devient l'humain qu'il n'a jamais cessé d'être, mais avec de profondes fractures intérieures qui ressortent petit à petit. Il réussi à reprendre le gout de vivre en côtoyant les personnes qu'il à jadis tué durant la guerre de Corée.

La première partie du film présente un personnage ultra-caricatural qui en fait des tonnes dans l'incarnation de l'américain facho type qui a connu l'horreur de la guerre. Son jeu délicieusement ironique est un régal, tout comme les gros traits d'humour et les blagues potaches qui traversent l'ensemble de l'œuvre. Puis le film prend un virage à 180 degrés. Cette simplicité première est alors renversée par une subtile réflexion sur la famille et l'amitié. Raciste, intolérant, vulgaire, acariâtre, asocial, antipathique... Kowalski est tout ça en même temps et pourtant Clint Eastwood nous le rend terriblement attachant.

Le réalisateur n'aborde pas le film de façon manichéenne et pose sobrement le problème de l'intégration des minorités ethniques dans la société américaine. Il montre le quotidien de ce quartier de classe moyenne avec délicatesse et humour et voit progressivement les relations entre Walt et ses voisins hmongs devenir tendres et chaleureuses. Il dénonce aussi les travers de la guerre et des clivages ethniques d'une manière à la fois plaisante et vraisemblable.

La façon que Clint Eastwood a d'appréhender la fin de l'histoire fait froid dans le dos. Mais il n'y a rien de voyeuriste à partager cette douleur, d'une immense pudeur sous le vernis des dialogues racistes, d'un humanisme qui vaut testament, comme un message laissé aux générations futures.

On reconnait bien Clint Eastwood dans ce vieil homme acariâtre et désagréable au possible. Son rôle est empreint de sobriété et d'humanisme! Tout se passe dans son regard et ses expressions... Bee Vang est exceptionnel, plein de charme et très touchant ainsi que Ahney Her.

Sans jamais être moraliste Clint Eastwood nous donne une véritable leçon d'humilité. Il nous livre une œuvre poignante, bouleversante, pleine d'humanité, pleine d'humour, sur l'ouverture d'esprit, l'acceptation des différences, la tolérance, le rapprochement des hommes de race différente.

Fiche Technique

Genre : Drame, Thriller

Nationalité : Américaine

Réalisation : Clint Eastwood

Casting : Clint Eastwood, Bee Vang, Ahney Her, Geraldine Hughes, John Carroll Lynch, Cory Hardrict, Dreama Walker, Brian Haley, Doua Moua, Brian Howe, Christopher Carley, Arthur Cartwright, Brooke Chia Thao, Elvis Thao, Michael E. Kurowski, Choua Kue, William Hill, Chee Thao, Xia Soua Chang, Davis Gloff, Scott Reeves, Greg Trzaskoma, Vue Sonny, John Johns, Tom Mahard, Nana Gbewonyo, Austin Douglas Smith, Conor Liam Callaghan, Julia Ho, Maykao K. Lytongpao et Carlos Guadarrama

Durée : 115 min

Année de production : 2008

Date de sortie : 25 février 2009

N° de visa : 122 646


07/03/2009
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