Le cinéma de Thibault

Mes stars et moi de Laetitia Colombani

Synopsis

Passionné par les actrices, Robert est sans doute le fan le plus collant du cinéma français. Agent de service la nuit dans une grande agence artistique, il consacre toutes ses journées à "ses" stars, qu'il suit sans relâche, et dont il n'hésite pas à se mêler de la vie. Réunies sur un même tournage, ses trois actrices préférées découvrent un jour qu'elles ont le même problème... avec le même fan. Elles vont alors décider de s'unir pour lui régler son compte : elles étaient ses idoles... elles vont devenir son pire cauchemar !

L'avis de Thibault

Avec son premier film, A la folie, pas du tout en 2002, Laetitia Colombani avait imposé un style, une façon de raconter une histoire assez originale, ainsi qu'un excellent casting. Elle poursuit dans le registre de la comédie avec Mes stars et moi.

Robert est passionné de cinéma et plus particulièrement de trois actrices qui représentent chacune des qualités à ses yeux : Solange Duvivier est l'élégance, Isabelle Serenna est la sensualité, Violette Duval est la fraîcheur et la jeunesse. Il les adore et profite donc de son emploi comme agent d'entretien dans les locaux de leur agent artistique pour tout savoir à leur propos et interférer dans leur vie. Lorsqu'elles se retrouvent dans le même film, elles comprennent qu'elles ont le même problème avec la même personne. Elles décident alors de se venger en s'amusant un peu.

La figure du fan lui-même a donné lieu à des numéros d'acteurs surprenants et variés comme Robert De Niro dans le fan ou Fabrice Luchini dans Jean-Philippe. Laetitia Colombani rend le fanatique absolu en un personnage acharné, égoïste et dérangé psychologiquement mais attachant qui forcément sera amené à changé. Elle égratigne avec malice le monde du cinéma. Mais elle semble constamment hésiter entre cruauté et gentillesse, ne parvenant jamais vraiment à faire ressortie aucun de ces deux côtés.

La satire du cinéma français et des actrices manque surtout de corrosif et de second degré. On aurait pu espérer un règlement de comptes plus féroce et déjanté. La vengeance des actrices auraient pu être beaucoup plus drôles. Le scénario refuse de s'aventurer sur des sentiers risqués et opte donc pour pour des choix gentillets d'une banalité affligeante. De plus, le film joue sur l'effet de répétition, il a tendance à tourner en boucle et n'évolue pas. Le traitement du sujet aurait mérité des scènes plus burlesques, des dialogues plus tranchants. Le film n'utilise que des ressorts comiques éculés comme lorsque la fille parle de porno pour vérifier si son père l'écoute. Seules les piques de Catherine Deneuve et Emmanuelle Béart sont un délice et font mouches. Les échanges sont d'un réalisme hallucinant.

Ce film est bourré de clin d'œil au cinéma. On aperçoit Jean Becker et Charles Gassot. Dans un film, la fille de Solange Duvivier (Catherine Deneuve) dit à sa mère Quand est ce qu'on sait quand on aime quelqu'un ? C'est une référence très claire à 8 femmes de François Ozon.

Egal à lui-même, Kad Merad nous sert une très bonne interprétation. Il joue le rôle d'un névrosé psychotique qui délaisse sa famille pour aduler de manière éperdue ses stars qui le lui rendent bien. Il est vraiment magnifique, attachant. Catherine Deneuve est très sophistiquée et élégante en actrice ayant ras le bol de son assistant sur-protecteur et de sa vie trop réglée. Elle fait preuve d'auto-dérision dans le choix de ses rôles. Emmanuelle Béart est toujours aussi belle, pleine de vie. Le duo d'auto-dérision entre Emmanuelle Béart et Catherine Deneuve qui jalonne le film est franchement jubilatoire. Elles y sont tout simplement magnifiques. En jeune débutante admirative de ses aînées, la jeune Mélanie Bernier, aperçue dans Sa majesté Minor, parvient leur tenir la dragée haute. Elle est la vraie révélation tant elle est belle et fraîche. Le trio d'actrice est efficace et dynamique. Maria de Medeiros, dans le rôle de l'épouse délaissée, est remarquable. Avec Kad Merad, ils forment un couple idéal de Français moyens. Juliette Lamboley est très crédible.

Tout ce beau monde est soutenue par une parade de guests et de seconds rôles inoubliables. (Patrice Leconte, Dominique Besnehard, Rufus, Antoine Duléry, Jean Pierre Martins, Frédérique Bel, Jean Chrétien Sibertin-Blanc) Et la cerise sur le gâteau, même la réalisatrice s'essaye à la comédie en s'attribuant le rôle de la psy-chat-nalyste. Cachées derrières des noms fictifs, ces actrices se rapprochent de ce qu'elles sont dans la vraie vie, comme en témoigne la volonté de Isabelle Serenna d'adopter un roumain : clin d'œil au rôle que joue Emmanuelle Béart au sein de l'Unicef. On aurait tout à fait pu laisser les actrices porter leur vrai nom dans la vie de tous les jours. De même qu'appeler Patrice Leconte, Patrice Leduc est risible.

Le long-métrage de Laetitia Colombani disposait d'une accroche solide et d'un casting de classe pour mener à bien sa mission. L'idée de départ était bonne mais le résultat final laisse un peu à désirer.

Fiche Technique

Genre : Comédie

Nationalité : Française

Réalisation : Laetitia Colombani

Casting : Kad Merad, Catherine Deneuve, Emmanuelle Béart, Mélanie Bernier, Maria de Medeiros, Juliette Lamboley, Rufus, Scali Delpeyrat, Dominique Besnehard, Jean-Pierre Martins, Laetitia Colombani, Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, Antoine Duléry, Patrice Leconte, Benoît Pétré, Frédérique Bel, Nicolas Briançon, Christophe Rossignon, Arno Chevrier, Alban Casterman, Bass Dhem, Pierre Zéni, Valérie Moreau, Marie Caldéra, Caroline Maillard, Mika Tard, Chloé Belhomme, Jill Gagé, Guillaume Colombani, Josette Stain, Patrick Guérineau, Charles Gassot, Jean Becker et Clément Boulland

Durée : 88 min

Année de production : 2007

Box Office France : 286 822 entrées

N° de visa : 114 171

Date de sortie : 29 Octobre 2008