Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Le bal des actrices, le 19 août 2009 en DVD ****



Le bal des actrices de Maïwenn

Synopsis


Une réalisatrice veut faire un documentaire sur les actrices, toutes les actrices : les populaires, les inconnues, les intellos, les comiques, les oubliées... Filmant tout, tout, tout, avec ou sans leur accord, la réalisatrice va se prendre au jeu et se laisser dévorer par ces femmes aussi fragiles que manipulatrices...

L'Avis de Thibault

Après Pardonnez-moi, où la réalisatrice réglait ses comptes familiaux, Maïwenn Le Besco nous offre avec Le bal des actrices un film original. Elle s'impose comme une cinéaste de première importance.

C'est une comédie musicale qui a la forme d'un documentaire sur les actrices sans en être vraiment un. Maïwenn incarne une cinéaste qui se prend pour Sofia Coppola et entreprend de filmer le quotidien d'une poignée d'actrices avec une caméra numérique. Ce film repose sur la double jubilation de voir toutes les actrices qui font de l'autodérision et que l'on suit dans ce que l'on croit être leur vrai quotidien. Il faut donc différencier le faux du vrai. Difficile parfois de savoir si c'est un rôle de composition ou la femme, avec ses propres émotions que l'on devine. Ces actrices sont tour à tour touchantes, fragiles, enthousiastes, déprimées, ...

Il est quand même facile de reconnaitre Muriel Robin qui connait de vraies difficultés à être prise au sérieux pour jouer des drames, alors qu'elle vient du conservatoire. On sent vraiment sa souffrance de ne pas faire partie de la famille des intellectuels comme le metteur en scène Jacques Webber et le comédien Pascal Greggory. Elle est bouleversante lorsqu'elle se maquille en clown triste sur une musique de Nina Morato. Pour Marina Fois, on sent le mélange fiction et réalité. Le fait que la jeune réalisatrice du court métrage Fais de beaux rêves, Maryline Canto associe Marina Fois à la bande des Robin des Bois doit être une vérité. On sait que la comédienne fait tout pour s'en échapper (Darling, Le code à changé). Par contre, Marina Fois n'est pas du genre à faire des séances de Botox.

Dans le documentaire, Karin Viard, l'actrice populaire en France qui a obtenu deux césars pour Hauts les cœurs et Embrassez qui vous voudrez, tourne avec Bertrand Blier, le réalisateur des Acteurs. Elle est réduite à traire une vache folle. Cela ne lui suffit plus. Elle rêve d'un parcours à Hollywood comme celui de Juliette Binoche et de gagner un Oscar. Mélanie Doutey joue une Angelina Jolie à la française. Elle est une jeune actrice, qui commence à déprimer, jusqu'à refuser un film d'Yvan Attal. Elle décide de partir à l'étranger et revient avec au bras un enfant qu'elle a finit par adopter. Maïwenn montre tout et ne fait pas de concessions : la rage de Karole Rocher face à la froideur et au pouvoir d'une Christine Boisson, la famille de Linh-Dan Pham, les soirées Nokia pour Romane Bohringer, actrice has-been, les problèmes de maternité de Julie Depardieu, la renaissance de Charlotte Rampling, la lutte d'Estelle Lefébure pour être respectée comme actrice et le rêve de Jeanne Balibar de tourner autre chose que des films intellectuels comme des films d'action de Luc Besson. On regrettera tout de même l'oubli des actrices enfants de star comme Charlotte Gainsbourg ou Marina Hands.

Au milieu de toutes ces scènes, les actrices poussent des chansons composées par Anaïs, Benjamin Biolay, Jeanne Cherhal, Pauline Croze, Holden, Marc Lavoine, Nina Morato et Joeystar, dans de drôles de chorégraphies kitsch, parenthèse de légèreté dans ce film drôle mais grave. Les moments musicaux sont farfelus et très bienvenus. Ils tombent à point nommés, sont brefs, irréels, colorés et ajoutent une certaine profondeur. Rien à voir avec la comédie musicale Agathe Cléry. Les chansons y étaient massacrées et on sentait les années 80.

Les actrices qui se sont prêtées au casting sont d'une grande justesse : tantôt dans l'émotion, l'humour, la tristesse. Elles n'ont pas eu froid aux yeux pour se montrer telle qu'elles sont au fond d'elles mêmes ou souvent proches de la réalité. Quel grand écart entre jouer un rôle et jouer son rôle ? Comment distinguer la fiction de la réalité? On se retrouve donc complices de ces stars.

Karine Viard en star mégalo, Marina Fois en actrice à l'égo susceptible sont excellentes. Nicolas Briançon qui incarne le producteur du film qui préfère mettre de l'argent sur un film avec Jean Dujardin et Cécile de France est épatant. Quant à Didier Morville, il est surprenant et se montre sous un autre jour, tel un gros nounours très attachant. Il est étonnant, tendre et charismatique, désarmant de naturel en papa poule. C'est la découverte d'un acteur de grand talent.

Dommage pour les actrices qui ont refusé d'y figurer. On se prend à imaginer ce que Maïwenn aurait fait d'Isabelle Adjani, si cette dernière avait eu le courage d'accepter. Ce qui prouve qu'elle n'a aucun humour.

Avec ce faux documentaire sur des actrices ponctué de scènes chantées magnifiques, Maïwenn invente un style qui n'appartient qu'à elle seule depuis Pardonnez-moi et nous offre une œuvre totalement originale à la fois forte, légère et drôle. Tout sonne juste. Le bal des actrices confirme son génie. C'est un petit bijou en ces temps de crise.

Fiche technique

Genre : Comédie

Nationalité : Française

Réalisation : Maïwenn

Casting : Jeanne Balibar, Romane Bohringer, Julie Depardieu, Mélanie Doutey, Marina Foïs, Estelle Lefebure, Maïwenn, Linh Dan Pham, Charlotte Rampling, Muriel Robin, Karole Rocher, Karin Viard, Joey Starr, Pascal Greggory, Samir Guesmi, Nicolas Briançon, Jacques Weber, Yvan Attal, Léonie Simaga, Maryline Canto, Christine Boisson, Boris Terral, Bertrand Blier, Charlotte Valandrey, Laurent Bateau, Emir Seghir, Marie Kremer et Georges Corraface   

Durée : 105 min.

Année de production : 2007

Date de sortie : 28 Janvier 2009

N° de visa : 118 050



02/03/2009
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