Ridicule de Patrice Leconte
Synopsis
A travers les aventures de Grégoire Ponceludon de Malavoy, issu d'une famille d'ancienne noblesse tombée dans la précarite, une étude de la cour de Louis XVI et ses antichambres à Versailles en 1780, ou déjà la spiritualité avait pour ennemi mortel le ridicule.
L'avis de Thibault
A travers l'aventure d'un jeune provincial sincère et ambitieux, Patrice Leconte brosse le portrait au vitriol d'une société impitoyable soumise aux lois du paraître. Ridicule dépeint avec un humour caustique la cour de Louis XVI, juste avant la révolution de 1789.
Le baron Grégoire Ponceludon de Malavoy excédé de voir ses paysans mourir à cause de la prolifération des fièvres dans les marais non asséchés de la Dombes monte à Versailles pour obtenir du roi Louis XVI des fonds monétaires nécessaires à la réalisation de travaux d'assèchement. Les arguments humains de Grégoire sont largement insuffisants, pour être reçu par le roi, il faut remonter toute la hiérarchie, briller par l'esprit dans les salons, réussir de bons mots et surtout éviter le ridicule par un mauvais calembour qui ruine à jamais tous les espoirs. Car le Ridicule tue. Aidé par le marquis de Bellegarde, Grégoire fait ses classes. Peu à peu il se prend au jeu. Il se grise de son pouvoir de destruction par le verbe. Même Mathilde de Bellegarde le met en garde. Le bon mot est la survie du courtisan. Le système est implacable à la moindre erreur on disparaît.
Le film doit sa réussite à un excellent scénario signé Rémy Waterhouse, qui adapte son propre roman. Waterhouse ne fait que montrer l'état des lieux du pays avant la révolution française. Le scénario est parfaitement maîtrisé. Ridicule est particulièrement savoureux grâce à son art consommé des dialogues qui retranscrit à merveille les joutes verbales si représentatives de la notion que l'on se fait de l'esprit d'un honnête homme à la cour du roi de France. D'une qualité époustouflante, les dialogues sont particulièrement savoureux. Jamais la langue française n'a été mise si bien à sa juste valeur. Un vrai festival de répliques cultes dont certaines mériteraient de figurer au Panthéon des dialogues des répliques cultes.
La mise en scène de Leconte est maîtrisée. Ridicule est une satire de la pédanterie des esprits supérieures issus d'un milieu aisé, qui ne s'intéressent cyniquement qu'à leur ambition futile et à s'amuser pour l'accomplissement d'un orgueil tout aussi futile. Le film dépeint à merveille la corruption morale et les habitudes de la cour, tout le cérémonial de l'étiquette à Versailles et réussit à révéler le grotesque et le pathétique à travers des courtisans prêt à tout pour briller dans la société. Véritable film de cape et de verbes, Ridicule est un apprentissage de la parole sous les angles les plus sophistiqués. Tous les personnages intelligents et actifs (Grégoire, Mathilde ou bien Charles de l'Epée) ne pourront réaliser leurs projets que s'ils font des jeux d'esprits. Les duels de mots sont aussi impressionnants que les duels au pistolet de Barry Lyndon. La déchéance de l'abbé ferait presque pitié... même s'il mérite largement son sort. Le tout n'est pas sans rappeler aussi les Liaisons Dangereuses. La photographie de Thierry Arbogast est très belle. L'éclairage accentue la pâleur terrifiée des visages. La reconstitution des décors et des costumes est impeccable
Fanny Ardant en comtesse riche qui profite du besoin des uns pour faire son propre bonheur est spectaculaire. La comtesse de Blayac pourrait être la cousine de la marquise de Merteuil. En abbé arrogant et poudré, Bernard Giraudeau est jouissif à souhait. Pour l'un de ses premiers films, Charles Berling, en courtisan arrivant à Versailles, est impressionnant de crédibilité. Jean Rochefort en amoureux des lettres et des sciences, colle vraiment au XVIIIe siècle! Judith Godrèche en jeune fille révoltée et insoumise à toutes ces règles de la cour et de mariage, est sublime.
Et si Ridicule est avant tout une comédie, de par ses traits d'esprits, il n'en est pas moins une belle réflexion sur le pouvoir et l'ascension sociale. Patrice Leconte réussit avec une œuvre d'une grande force, son film le plus abouti. C'est un film à cultiver, à laisser mûrir en soi.
En 1996, le film fit l'ouverture à Cannes. Aux Césars 1997, le film obtient le César du meilleur film, celui du meilleur réalisateur pour Patrice Leconte, celui des meilleurs décors pour Ivan Maussion et celui des meilleurs costumes pour Christian Gasc.
Fiche Technique
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Française
Réalisation : Patrice Leconte
Casting : Charles Berling, Jean Rochefort, Fanny Ardant, Judith Godrèche, Bernard Giraudeau, Bernard Dheran, Carlo Brandt, Jacques Mathou, Urbain Cancelier, Albert Delpy, Bruno Zanardi, Marie Pillet, Jacques Roman, Philippe Magnan, Maurice Chevit, Philippe du Janerand et Alain Hocine
Durée : 102 min
Année de production : 1995
Synopsis
A travers les aventures de Grégoire Ponceludon de Malavoy, issu d'une famille d'ancienne noblesse tombée dans la précarite, une étude de la cour de Louis XVI et ses antichambres à Versailles en 1780, ou déjà la spiritualité avait pour ennemi mortel le ridicule.
L'avis de Thibault
A travers l'aventure d'un jeune provincial sincère et ambitieux, Patrice Leconte brosse le portrait au vitriol d'une société impitoyable soumise aux lois du paraître. Ridicule dépeint avec un humour caustique la cour de Louis XVI, juste avant la révolution de 1789.
Le baron Grégoire Ponceludon de Malavoy excédé de voir ses paysans mourir à cause de la prolifération des fièvres dans les marais non asséchés de la Dombes monte à Versailles pour obtenir du roi Louis XVI des fonds monétaires nécessaires à la réalisation de travaux d'assèchement. Les arguments humains de Grégoire sont largement insuffisants, pour être reçu par le roi, il faut remonter toute la hiérarchie, briller par l'esprit dans les salons, réussir de bons mots et surtout éviter le ridicule par un mauvais calembour qui ruine à jamais tous les espoirs. Car le Ridicule tue. Aidé par le marquis de Bellegarde, Grégoire fait ses classes. Peu à peu il se prend au jeu. Il se grise de son pouvoir de destruction par le verbe. Même Mathilde de Bellegarde le met en garde. Le bon mot est la survie du courtisan. Le système est implacable à la moindre erreur on disparaît.
Le film doit sa réussite à un excellent scénario signé Rémy Waterhouse, qui adapte son propre roman. Waterhouse ne fait que montrer l'état des lieux du pays avant la révolution française. Le scénario est parfaitement maîtrisé. Ridicule est particulièrement savoureux grâce à son art consommé des dialogues qui retranscrit à merveille les joutes verbales si représentatives de la notion que l'on se fait de l'esprit d'un honnête homme à la cour du roi de France. D'une qualité époustouflante, les dialogues sont particulièrement savoureux. Jamais la langue française n'a été mise si bien à sa juste valeur. Un vrai festival de répliques cultes dont certaines mériteraient de figurer au Panthéon des dialogues des répliques cultes.
La mise en scène de Leconte est maîtrisée. Ridicule est une satire de la pédanterie des esprits supérieures issus d'un milieu aisé, qui ne s'intéressent cyniquement qu'à leur ambition futile et à s'amuser pour l'accomplissement d'un orgueil tout aussi futile. Le film dépeint à merveille la corruption morale et les habitudes de la cour, tout le cérémonial de l'étiquette à Versailles et réussit à révéler le grotesque et le pathétique à travers des courtisans prêt à tout pour briller dans la société. Véritable film de cape et de verbes, Ridicule est un apprentissage de la parole sous les angles les plus sophistiqués. Tous les personnages intelligents et actifs (Grégoire, Mathilde ou bien Charles de l'Epée) ne pourront réaliser leurs projets que s'ils font des jeux d'esprits. Les duels de mots sont aussi impressionnants que les duels au pistolet de Barry Lyndon. La déchéance de l'abbé ferait presque pitié... même s'il mérite largement son sort. Le tout n'est pas sans rappeler aussi les Liaisons Dangereuses. La photographie de Thierry Arbogast est très belle. L'éclairage accentue la pâleur terrifiée des visages. La reconstitution des décors et des costumes est impeccable
Fanny Ardant en comtesse riche qui profite du besoin des uns pour faire son propre bonheur est spectaculaire. La comtesse de Blayac pourrait être la cousine de la marquise de Merteuil. En abbé arrogant et poudré, Bernard Giraudeau est jouissif à souhait. Pour l'un de ses premiers films, Charles Berling, en courtisan arrivant à Versailles, est impressionnant de crédibilité. Jean Rochefort en amoureux des lettres et des sciences, colle vraiment au XVIIIe siècle! Judith Godrèche en jeune fille révoltée et insoumise à toutes ces règles de la cour et de mariage, est sublime.
Et si Ridicule est avant tout une comédie, de par ses traits d'esprits, il n'en est pas moins une belle réflexion sur le pouvoir et l'ascension sociale. Patrice Leconte réussit avec une œuvre d'une grande force, son film le plus abouti. C'est un film à cultiver, à laisser mûrir en soi.
En 1996, le film fit l'ouverture à Cannes. Aux Césars 1997, le film obtient le César du meilleur film, celui du meilleur réalisateur pour Patrice Leconte, celui des meilleurs décors pour Ivan Maussion et celui des meilleurs costumes pour Christian Gasc.
Fiche Technique
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Française
Réalisation : Patrice Leconte
Casting : Charles Berling, Jean Rochefort, Fanny Ardant, Judith Godrèche, Bernard Giraudeau, Bernard Dheran, Carlo Brandt, Jacques Mathou, Urbain Cancelier, Albert Delpy, Bruno Zanardi, Marie Pillet, Jacques Roman, Philippe Magnan, Maurice Chevit, Philippe du Janerand et Alain Hocine
Durée : 102 min
Année de production : 1995
Attachée de presse : Denise Breton
Date de sortie : 9 mai 1996
Date de sortie : 9 mai 1996