Le cinéma de Thibault

La Femme du Vème de Pawel Pawlikowski

Synopsis

Tom Ricks, romancier américain, la quarantaine, vient à Paris dans l'espoir de renouer avec sa fille. Mais rien ne se passe comme prévu : démuni, logé dans un hôtel miteux, il se retrouve contraint de travailler comme gardien de nuit.
Alors qu'il croit toucher le fond, Margit, sensuelle et mystérieuse, fait irruption dans sa vie. Leur relation passionnée déclenche une série d'évènements inexplicables, comme si une force obscure prenait le contrôle de sa vie.

L'Avis de Thibault

Après le succès critique et public de l'adaptation cinématographique de L'homme qui voulait vivre sa vie réalisée par Eric Lartigau avec Romain Duris et Marina Foïs, c'est maintenant au tour de La Femme du Vème de prendre vie sur grand écran sous la direction de Pawel Pawlikowski, primé par le BAFTA du meilleur film avec My Summer of Love en 2004.

Tom Ricks est un écrivain américain. Il a écrit un seul roman qui lui a rapporté un prix Pulitzer précoce et peine à accoucher d'un deuxième roman. Il a quitté les États-Unis pour venir voir sa fille à Paris, mais l'hostilité de son épouse et une injonction d'éloignement l'en empêchent. Il se retrouve seul, démuni, désespéré au cœur de cette ville qu'il ne connait pas. Il monte dans un bus, s'endort, se fait dépouiller et se réfugie dans la chambre d'un sinistre hôtel dont il règle le loyer en travaillant comme gardien de nuit pour des employeurs louches, tout en séchant sur ses pages blanches. C'est alors qu'une femme mystérieuse l'aborde lors d'une soirée littéraire, une femme seule, d'une sensualité funeste. Elle l'appelle, il la rejoint, il s'enlace.

Pawel Pawlikowski déconstruit ici volontairement les chemins balisés du roman de Douglas Kennedy bâti sur la vie ordinaire, le déclic, le libre-arbitre, la seconde vie, les conséquences et la rédemption. Il nous entraîne dans une réalité tangible au cœur d'une intrigue aux ficelles fantastiques. Pawel Pawlikowski se perd dans des élucubrations fumeuses et une mise en scène languissante. Le scénario s'enlise entre psychologie facile et fantasmes vide de sens. La faiblesse du récit, c'est que le réalisateur finit lui-même par se perdre, parfois par décrocher, parce qu'il ne s'attache pas réellement aux différents personnages. En sortant de son chapeau un coup de théâtre tout droit tiré du roman d'origine, le réalisateur troque son étrangeté indécidable et déstabilisante pour une étrangeté littérale à l'effet inverse. La pirouette scénaristique est totalement dispensable. Un ensemble qui manque d'un souffle d'émotion et de folie cumulée.

Ethan Hawke ( Le cercle des poètes disparus, Before Sunrise) est convaincant en romancier américain dépressif et fauché dans un Paris contrasté entre hôtels miteux et beaux quartiers haussmanniens. Il livre une performance hypnotique. La sensuelle et mystérieuse Kristin Scott Thomas est plus que discrète. Elle apparait en coup de vent. Son rôle est sous exploité. Samir Guesmi ( Ne le dis à personne, Hors-la-loi), est parfait en patron affable, régnant sur un quartier sans visage. La prestation des acteurs ne sert même pas de bouée de sauvetage.

Là où il y'avait matière à faire un véritable thriller, le réalisateur échoue avec ce film incompréhensible et laisse le spectateur sans piste.

Fiche Technique

Genre : Thriller

Nationalité : Française et Polonaise

Réalisation : Pawel Pawlikowski

Interprètes : Kristin Scott Thomas, Ethan Hawke, Joanna Kulig, Samir Guesmi, Delphine Chuillot, Julie Papillon, Geoffrey Carey, Mamadou Minté, Mohamed Aroussi, Jean-Louis Cassarino, Judith Burnett, Marcela Iacub, Wilfred Benaiche, Pierre Marcoux, Rosine Favey et Grégory Gadebois

Durée : 85 minutes

Année de production : 2011

Attachés de presse : Jérôme Jouneaux, Isabelle Duvoisin et Mounia Wissinger

Date de sortie : 16 novembre 2011

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