Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Présumé coupable, le 18 janvier 2012 en DVD ****

Présumé coupable, le 7 septembre 2011 au cinéma ****

Présumé coupable de Vincent Garenq

Synopsis


Le film raconte le calvaire d'Alain Marécaux - "l'huissier" de l'affaire d'Outreau - arrêté en 2001 ainsi que sa femme et 12 autres personnes pour d'horribles actes de pédophilies qu'ils n'ont jamais commis. C'est l'histoire de la descente en enfer d'un homme innocent face à un système judiciaire incroyablement injuste et inhumain, l'histoire de sa vie et de celle de ses proches broyée par une des plus importantes erreurs judiciaires de notre époque.

L'Avis de Thibault

Quelques mois seulement après Omar m'a tuer de Roschdy Zem, le cinéma français porte sa caméra au coeur d'une actualité encore toute chaude : l'affaire d'Outreau. Comment aborder un film relatant la terrible erreur judiciaire de l'affaire d'Outreau ? Le sujet pouvait se révéler casse-gueule tant il reste encore gravé dans toutes les mémoires, tant il a déchaîné les passions au début des années 2000. Pour son deuxième long métrage après Comme les autres, Vincent Garenq a choisi de s'attaquer avec Présumé coupable à cette histoire en se basant sur le témoignage d'un des accusés à tort, Alain Marécaux.

Puisque nous en connaissons l'issue qui aboutit à un verdict d'acquittement de la Cour d'Assises de Paris en décembre 2005, l'intérêt du film ne réside donc pas en son suspense, mais davantage dans l'exposition d'une descente aux enfers qui semble impossible à endiguer, accélérée par le zèle d'un juge aux méthodes pour le moins indélicates.

Le long métrage commence un petit matin chez Alain Marécaux. Des policiers de la brigade de Boulogne-sur-Mer débarquent violemment dans sa maison. Sa famille est séparée, son couple est arrêté et placé séparément en garde à vue, et ses enfants sont placé dans des familles d'accueils. A partir de cet instant, commence un véritable enfer pour Alain Marécaux, un enfer moral, judiciaire, et psychologique d'un père de famille innocent. Des premières heures de garde à vue jusqu'à sa réhabilitation judiciaire, l'homme est touché.

Tiré de Chronique de mon erreur judiciaire : Une victime de l'affaire Outreau d'Alain Marcéraux, Vincent Garenq n'a pas cherché à réaliser un film sur l'affaire Outreau dans son ensemble mais sur un homme qui s'est trouvé au cœur de cet énorme engrenage. Le réalisateur ne quitte pas son personnage principal. Il filme au plus près le calvaire et la descente en enfer d'un homme, accusé d'attouchements sur mineurs et sur ses enfants. Sa réalisation est sombre et sobre.

Vincent Garenq nous embarque dans la réalité. Il plante le décor : la perquisition chez la famille Marécaux, l'arrestation des parents, l'enlèvement des trois enfants, la mise en garde à vue sans que les intéressés sachent vraiment pourquoi, le juge d'instruction froid et déjà rempli de certitudes, l'attitude des policiers puis celle des médias... Vincent Garenq choisit le réalisme et ne cherche pas à édulcorer ou user d'artifices pour raconter l'histoire. C'est brut, froid. Une histoire filmée avec beaucoup de sobriété et de pudeur. Il n'y a aucune musique.

La puissance du film tient aussi à la présence de l'avocat joué à merveille Wladimir Yordanoff qui tente tout pour sortir Alain Marécaux du cauchemar.

Philippe Torreton est grandiose dans ce rôle. Il incarne Alain Marécaux, victime qui ne comprend pas ce qui lui arrive. Il excelle à jouer la stupeur et l'incompréhension, la perte de repères et de valeurs, la négation même de l'idée d'homme. Le comédien s'abandonne complètement à son personnage et va même jusqu'à perdre 27 kilos lors du tournage. Son interprétation est magistrale et bouleversante. Un César pour Mr Torreton. Même la femme actuelle de l'huissier de justice interprète une infirmière dans la séquence où Marécaux est hospitalisé à cause de sa perte de poids. Raphaël Ferret interprète un juge Burgaud inhumain et pédant dépassé par les évènements et mis sous pression par le déferlement médiatique. Il n'imite pas Fabrice Burgaud, il est.

Vincent Garenq livre un film fort qui vaut le détour par son côté documentaire. Rarement une injustice aura été aussi insoutenable à l'écran. Fort , Déroutant , Révoltant !!

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Française

Réalisation : Vincent Garenq

Interprètes : Philippe Torreton, Wladimir Yordanoff, Noémie Lvovsky, Raphaël Ferret, Michelle Goddet, Farida Ouchani, Olivier Claverie, Kevin Tholliez, Loris Rouah, Charlotte Ghristi, Jean-Pierre Bagot, Sarah Lecarpentier et Vincent Nemeth

Durée : 102 minutes

Année de production : 2011

Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs

Attachés de presse : Dominique Segall et Laurence Falleur

Date de sortie : 7 septembre 2011

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11/09/2011
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