Le cinéma de Thibault

La Guerre des boutons de Yann Samuell

Synopsis

1960, un village dans le sud de la France. Une bande de garçons, âgés de 7 à 14 ans, menée par l'intrépide Lebrac, est en guerre contre les enfants du village voisin, leurs ennemis jurés. Une guerre sans merci, qui dure depuis des générations. On se bat pour l'honneur et la fidélité et, pour gagner, tous les moyens sont bons. Même, s'il le faut, combattre nu comme un ver, ou pire, accepter l'aide de Lanterne - une fille ! - la nouvelle recrue de la bande, pleine de panache et d'ingéniosité. Mais il n'est pas facile d'être une armée de petits hommes sans se faire attraper par Papa et Maman ! Quand, après la bataille, on rentre à la maison, les vêtements en lambeaux et des boutons en moins, mieux vaut se faire discret...

L'Avis de Thibault

La rentrée des classes est placée sous le signe de La guerre des boutons. L'oeuvre de Louis Pergaud étant tombée en 2011 dans le domaine public, le cinéma français s'est empressé de saisir l'aubaine. En effet, deux films, tirés du roman de Louis Pergaud, sortent à une semaine d'intervalle : l'un réalisée par Yann Samuel, l'autre par Christophe Barratier. Yann Samuell est le premier à dégainer.

La cruauté, la dureté de l'univers de Louis Pergaud et du film d'Yves Robert ont été escamotées. Où est l'esprit de rébellion et la remise en cause de l'institution adulte si présente chez Louis Pergaud ? Avec l'attitude imbécile des grandes personnes de l'histoire originale, parents rustres, violents, batteurs d'enfants, avec des pères portés sur l'alcool. La scène de l'humiliation collective du traître Bacaillé a disparu. La scène où Lebrac et Lanterne jettent par leur fenêtre respective les objets de la maison pour monter leur indépendance sur une musique rock est totalement stupide et sans intérêt. Cette séquence parait artificielle et gâche la fluidité du film.

Le film a perdu son enjeu dramatique. Ce remake n'a de Guerre des boutons que le titre, car hormis deux petites chemises dépouillées, aucune guerre des boutons en perspective. En effet, la scène de l'humiliation de Papier Maché n'est pas si dramatique. A la fin, le prisonnier repart avec ses boutons. La collecte des boutons qui fait le trésor des villages est absent. Yann Samuel passe vite fait sur la guerre entre village, pour se focaliser sur les amourettes de Lebrac et Camus. Le cancre Lebrac, promu meilleur élève, rentre dans le rang et est envoyé au collège au lieu d'être bouclé en pension. Aujourd'hui, on ne peut plus filmer des enfants nus, au risque de choquer. Dans le remake de la scène culte du film d'Yves Robert, les gosses à poil de Longeverne sont dissimulés par les blés. Des personnages sont sous estimé comme La Taupe ou Le Barbelé du clan des Velrans. Le réalisateur prend parti pour le clan des Longeverne.

Si le roman de Louis Pergaud se déroule à la fin du 19ème siècle, la version de Yann Samuell transpose la situation plus d'un demi-siècle plus tard, dans le vif des années 60... La brève référence à la guerre est malvenue car elle est trop courte. Mais qui savait que la France était en 1957-58 dans les pires heures de la guerre d'Algérie ? Avec une caméra hystérique, un montage décousu manifestement bâclé, une bande son agressive faite de bric et de broc, mélange indigeste de musique hétéroclite de style pub-télé, le fil de l'intrigue se perd parfois dans les méandres des maladresses de son réalisateur. Le scénario est confus et l'émotion est mille fois moins grande... On peut regretter l'absence d'une véritable trame pour tenir le spectateur en haleine jusqu'au bout. La fin est un peu trop conventionnelle. A noter que lors de la projection de Robin des bois au sein de l'église, une faute de raccord est impressionnante. En effet, on passe du baiser entre Robin et Marianne au combat avec Guy de Gisborne en une poignée de seconde.

Plusieurs acteurs de renom figurent au générique du film. Mathilde Seigner prête ses traits à la mère de Lebrac. Son rôle est inutile, aussi grande actrice soit-elle, mais elle n'a absolument rien à proposer dans ce film. L'actrice essaye de se défendre sans conviction, ses apparitions sont très minces. Psychologiquement, son personnage ne tient pas debout. Fred Testot s'est glissé dans une soutane pour jouer un curé. Il est très en dessous de ce qu'il fait d'habitude. Sans Omar, il est perdu. Au bistrot du coin et Itinéraire bis le prouvent. On a connu Alain Chabat bien meilleur. L'interprète de Monsieur Labru rame fort. Le comédien Christian Hecq de la Comédie Française est caricatural au possible dans le rôle de Zéphirin. Seul Eric Elmosnimo démontre à nouveau son talent dans le rôle de l'émouvant instituteur Merlin. Les nombreux enfants sont assez inégaux. Vincent Bres est très attachant en Lebrac tout comme Salomé Lemire en Lanterne ou Louis Lefevbre en Camus dont la justesse est impressionnante. Tristan Vichard en Tigibus n'arrive pas à sauver la mise avec sa frimousse craquante. Il tombe dans le cabotinage. Théo Bertrand et Théo Fernandez sont très décevants.

La Guerre des Boutons est vraiment destiné a un jeune public sans vraiment intéresser un public plus âgé, ce que Le Petit Nicolas avait réussi a faire. Un remake un peu palot face au chef d'oeuvre original.

Fiche Technique

Genre : Famille , Comédie

Nationalité : Française

Réalisation : Yann Samuell

Interprètes : Eric Elmosnino, Mathilde Seigner, Fred Testot, Alain Chabat, Vincent Bres, Salomé Lemire, Théo Bertrand, Tristan Vichard, Tom Rivoire, Louis Lefebvre, Victor Le Blond, Arthur Garnier, June Maitre, Paloma Lebeaut, Theo Fernandez, Antonio Tavares, Matéo Faye, Christian Hecq, Arno Feffer, Bastien Bouillon, Aristide Demonico, Emmanuelle Grönvold et Sabine Heraud

Durée : 109 minutes

Année de production : 2011

Film pour enfants à partir de 6 ans

Attachés de presse : Alexandra Schamis et Sandra Cornevaux

Date de sortie : 14 septembre 2011

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