Le cinéma de Thibault

La Reine des pommes de Valérie Donzelli

Synopsis

Adèle une jeune trentenaire se fait quitter par Mathieu, l'amour de sa vie. Anéantie, suffoquée, Adèle ne veut plus qu'une chose : mourir.
Rachel, une cousine éloignée, la prend en charge. Elle décide d'aider Adèle en essayant de lui trouver du travail, de lui redonner goût à la vie et de la conseiller sentimentalement.
Son principal conseil : coucher avec d'autres hommes afin de désacraliser cette histoire... À son corps et coeur défendant, Adèle part au combat.

L'Avis de Thibault

Valérie Donzelli, comédienne réalise son premier film très néo-nouvelle vague avec son compagnon Jérémie Elkaïm. Bricolé mais frais, chic et léger.

Larguée par Pierre, Adéle trouve refuge chez sa cousine Rachel qui lui offre logis et nourriture contre un peu d'affection. Mi-Bécassine, mi Fifi Brindacier, la Reine des pommes ne se contente pas de squatter chez sa parente, elle met en pratique son conseil : pour oublier Mathieu il faut coucher avec d'autres hommes. Adèle n'y arrive pas, voyant les Pierre, Paul, Jacques rencontrés sous les traits uniques de son amour défunt. Il lui faudra prendre le large pour se (re)trouver.

Avec une vraie bonne idée cinématographique : faire jouer les quatre rôles masculins par le même comédien, le protéiforme Jérémie Elkaïm omniprésent dans cette exploration sexuelle d'une schizophrénie amoureuse.

Valérie Donzelli ose et s'expose dans des liaisons plus dangereuses qu'il n'y paraît. Elle interprète de gracieusement ces fragments d'un discours érotique. Il est tentant de dire que Donzelli la comédienne s'est mise en scène dans son premier long métrage en donzelle, celle dont on parle avec mépris, tant Adèle, son héroïne, cultive peu l'estime de soi. Avec son physique boticellien, la réalisatrice/actrice n'hésite pas un instant à se montrer pathétique.

Elle signe avec La reine des Pommes, un premier film très réussi, original, plein de charme et d'humour. La mise en scène est pleine de bonnes idées qui donnent du peps à l'ensemble, avec notamment ces passages chantés, ou encore ces quelques scènes presque chorégraphiées. La Reine des Pommes est une bulle de savon qui éclate à la gueule comme ses répliques bien envoyées, certaines hilarantes. Valérie Donzelli a un sens certain du dialogue. L'une des séquence les plus réussies étant sans doute celle du passage à l'acte sado-maso en plein parc Montsouris, avec bandeau et frissons garantis. Avec une pincée de Jacques Demy, un zest du Blier des Valseuses et beaucoup de Rohmer pour les références cinéphiliques, le film tourné en DV n'est pas sans rappeler l'univers de Mouret.

La complicité de Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm est magique et communicative. Le jeu des acteurs est très théâtral, ce qui finit de rendre certaines séquences irrésistibles. Les plus cinéphiles reconnaitront parmi les acteurs apparaissant à l'écran trois cinéastes : Serge Bozon (La France) dans le rôle d'un médecin, Dominik Moll (Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming) dans celui d'un jogger, et Gilles Marchand qui avait dirigé Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm dans son thriller Qui a tué Bambi ? en 2003.

La recette d'un bon film : un beau scénario, de bons acteurs, une bonne caméra, une bonne mise en scène et le tour est joué. Pas besoin de millions, pas besoins de pointures. La reine des pommes en est une illustration, le parfait fruit.

La reine des pommes est un film trognon.

Fiche Technique

Genre : Comédie dramatique , Romance

Nationalité : Française

Réalisation : Valérie Donzelli

Interprètes : Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Béatrice de Staël, Laure Marsac, Lucía Sánchez, Vanessa Seward, Gilles Marchand, Dominik Moll, Benoît Carré, Serge Bozon, Etienne Kerber et Gabriel Elkaïm 

Durée : 84 minutes

Année de production : 2009

Attachés de presse : Magali Montet et Tony Arnoux

Date de sortie : 24 février 2010