La Guerre est déclarée, le 25 janvier 2012 en DVD ****
La Guerre est déclarée de Valérie Donzelli
Synopsis
Un couple, Roméo et Juliette. Un enfant, Adam. Un combat, la maladie. Et surtout, une grande histoire d'amour, la leur...
L'Avis de Thibault
Après le thème de la rupture dans La Reine des pommes où Valérie Donzelli révélait un regard original, déluré et ludique, la jeune réalisatrice s'empare d'un terrible épisode de son existence pour sa seconde réalisation La Guerre est déclarée, projeté en ouverture de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2011.
Roméo et Juliette se rencontrent, s'aiment et font un bébé. Adam n'a que 18 mois quand une tumeur au cerveau est diagnostiquée. La maladie, c'est injuste, surtout quand c'est l'innocence qui est victime. Le petit Adam, interprété par le petit César Desseix et le grand Gabriel Elkaïm, est condamné à grandir entre les chimios et la radiothérapie, les chambres stériles et les opérations. Le couple va alors mener le combat d'une vie pour sauver leur fils, leur bataille. Voilà un sujet par excellence tire-larmes. Le sujet est casse-gueule à tous points de vue. Le film aurait pu verser facilement dans le pathos à outrance et dans la dramatisation. Il n'en est rien, Valérie Donzelli a su éviter le piège, en évitant avec intelligence cet écueil. Dès le début du film, le spectateur sait qu'Adam va survivre.
Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm sont partis de l'expérience réelle pour se diriger vers une relecture fictionnelle. Ensemble, ils se sont débarrassés du mauvais pour ne garder que le bon. La manière dont Roméo parvient à insuffler de la force à Juliette, à l'obliger à se concentrer sur l'essentiel, à ne pas disperser son énergie, est une idée forte. Il est son guide et c'est beau d'assister à cet abandon total à l'autre. Comment à partir d'instants douloureux parvenir à les transformer en quelque chose de positif et vivant ? Le thème plutôt tragique laissait présager un film triste et lacrymal. Sur les écrans, on assiste à l'exact opposé.
La construction du film est développée comme un conte avec trois narrateurs qui se succèdent. On retrouve Philippe Barrassat : le narrateur de La Reine des pommes, Pauline Gaillard : la monteuse et Valentine Catzéflis, qui avait un petit rôle dans le film, mais dont la scène a été coupée au montage. Le conte part de la rencontre du couple Roméo et Juliette, traverse la naissance et les premières semaines, la suspension du temps quand ils découvrent que leur bébé est atteint d'une tumeur, l'opération, les espoirs, les désillusions, l'incertitude, véritable bombe à retardement de la maladie. L'idée pour annoncer la naissance d'Adam est audacieuse : un gros plan sur le tableau L'origine du monde de Gustave Courbet avec les cris d'un bébé. Valérie Donzelli n'hésite pas à affronter l'environnement angoissant des hôpitaux. Une partie non négligeable du film se déroule effectivement dans les services pédiatriques des grands établissements marseillais et parisiens, ancrant par conséquent le film dans la réalité la plus brute et frontale, d'autant plus que le personnel hospitalier a également été mis à contribution.
Tournée à l'aide d'un appareil photo, la réalisation est dynamique et audacieuse aves ses coupures, ses accélérations de rythme et ses ellipses. La réalisatrice n'hésite pas à nous surprendre avec de nombreuses trouvailles. C'est la légèreté avec laquelle la réalisatrice aborde le sujet qui est la plus belle réussite du film. L'émotion est très bien maîtrisée et n'hésite pas à garder une dose d'humour comme avec la scène de l'Open Kiss sans jalousie. L'intégration des moments drôles, cocasses et légers sont comme autant de respirations indispensables à l'axe principal. Si l'émotion qu'il suscite va de soi, même si elle nait souvent à contre-emploi, c'est davantage la force vitale qui s'en dégage qui retient toute notre attention. Valérie Donzelli, c'est l'extrême audace stylistique et l'efficacité rythmique comme lorsque Roméo apprend par Juliette la maladie d'Adam sur l'air de Vivaldi. La réalisation est très intelligente et finalement très pudique.
Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm portent le film sur leurs épaules. La comédienne est devenue en une année l'enfant chérie du cinéma français. Elle a été, cette année, à l'affiche de Belleville Tokyo, Pourquoi tu pleures, l'art de séduire et En ville. Valérie Donzelli est partout. Les seconds rôles sont parfaits. On retrouve Béatrice de Staël, déjà présente dans La Reine des pommes mais aussi des petits nouveaux comme Philippe Laudenbach, Michele Moretti, Anne Le Ny ou Brigitte Sy. Jérémie Elkaïm retrouve Bastien Bouillon du téléfilm Simple et Frédéric Pierrot du film Polisse.
La bande-originale est au demeurant excellente et allie le classique, l'ancien et le moderne. On passe avec facilité de La vie parisienne de Jacques Offenbach à The Bell Tolls Five de Peter Van Poehl en passant par La fac de lettres de Jacqueline Taieb au Rectangle de Jacno. Les choix musicaux collent parfaitement à l'ambiance.
A partir de la terrible épreuve que le couple a vécue, la réalisatrice a décidé d'utiliser cette matière personnelle et douloureuse pour réaliser un film à la fois bouleversant et déconcertant. Ce deuxième long-métrage de Valérie Donzelli est juste un chef d'œuvre. Renversant, perturbant, sensible, fort, prenant.
Fiche Technique
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Française
Réalisation : Valérie Donzelli
Interprètes : Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, César Desseix, Gabriel Elkaïm, Brigitte Sy, Elina Löwensohn, Michèle Moretti, Philippe Laudenbach, Bastien Bouillon, Béatrice de Staël, Anne Le Ny, Frédéric Pierrot, Elisabeth Dion et Jennifer Decker
Durée : 100 minutes
Année de production : 2010
Attachés de presse : André-Paul Ricci, Tony Arnoux et Magali Montet
Date de sortie : 31 août 2011
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Synopsis
Un couple, Roméo et Juliette. Un enfant, Adam. Un combat, la maladie. Et surtout, une grande histoire d'amour, la leur...
L'Avis de Thibault
Après le thème de la rupture dans La Reine des pommes où Valérie Donzelli révélait un regard original, déluré et ludique, la jeune réalisatrice s'empare d'un terrible épisode de son existence pour sa seconde réalisation La Guerre est déclarée, projeté en ouverture de la Semaine de la Critique du Festival de Cannes 2011.
Roméo et Juliette se rencontrent, s'aiment et font un bébé. Adam n'a que 18 mois quand une tumeur au cerveau est diagnostiquée. La maladie, c'est injuste, surtout quand c'est l'innocence qui est victime. Le petit Adam, interprété par le petit César Desseix et le grand Gabriel Elkaïm, est condamné à grandir entre les chimios et la radiothérapie, les chambres stériles et les opérations. Le couple va alors mener le combat d'une vie pour sauver leur fils, leur bataille. Voilà un sujet par excellence tire-larmes. Le sujet est casse-gueule à tous points de vue. Le film aurait pu verser facilement dans le pathos à outrance et dans la dramatisation. Il n'en est rien, Valérie Donzelli a su éviter le piège, en évitant avec intelligence cet écueil. Dès le début du film, le spectateur sait qu'Adam va survivre.
Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm sont partis de l'expérience réelle pour se diriger vers une relecture fictionnelle. Ensemble, ils se sont débarrassés du mauvais pour ne garder que le bon. La manière dont Roméo parvient à insuffler de la force à Juliette, à l'obliger à se concentrer sur l'essentiel, à ne pas disperser son énergie, est une idée forte. Il est son guide et c'est beau d'assister à cet abandon total à l'autre. Comment à partir d'instants douloureux parvenir à les transformer en quelque chose de positif et vivant ? Le thème plutôt tragique laissait présager un film triste et lacrymal. Sur les écrans, on assiste à l'exact opposé.
La construction du film est développée comme un conte avec trois narrateurs qui se succèdent. On retrouve Philippe Barrassat : le narrateur de La Reine des pommes, Pauline Gaillard : la monteuse et Valentine Catzéflis, qui avait un petit rôle dans le film, mais dont la scène a été coupée au montage. Le conte part de la rencontre du couple Roméo et Juliette, traverse la naissance et les premières semaines, la suspension du temps quand ils découvrent que leur bébé est atteint d'une tumeur, l'opération, les espoirs, les désillusions, l'incertitude, véritable bombe à retardement de la maladie. L'idée pour annoncer la naissance d'Adam est audacieuse : un gros plan sur le tableau L'origine du monde de Gustave Courbet avec les cris d'un bébé. Valérie Donzelli n'hésite pas à affronter l'environnement angoissant des hôpitaux. Une partie non négligeable du film se déroule effectivement dans les services pédiatriques des grands établissements marseillais et parisiens, ancrant par conséquent le film dans la réalité la plus brute et frontale, d'autant plus que le personnel hospitalier a également été mis à contribution.
Tournée à l'aide d'un appareil photo, la réalisation est dynamique et audacieuse aves ses coupures, ses accélérations de rythme et ses ellipses. La réalisatrice n'hésite pas à nous surprendre avec de nombreuses trouvailles. C'est la légèreté avec laquelle la réalisatrice aborde le sujet qui est la plus belle réussite du film. L'émotion est très bien maîtrisée et n'hésite pas à garder une dose d'humour comme avec la scène de l'Open Kiss sans jalousie. L'intégration des moments drôles, cocasses et légers sont comme autant de respirations indispensables à l'axe principal. Si l'émotion qu'il suscite va de soi, même si elle nait souvent à contre-emploi, c'est davantage la force vitale qui s'en dégage qui retient toute notre attention. Valérie Donzelli, c'est l'extrême audace stylistique et l'efficacité rythmique comme lorsque Roméo apprend par Juliette la maladie d'Adam sur l'air de Vivaldi. La réalisation est très intelligente et finalement très pudique.
Valérie Donzelli et Jérémie Elkaïm portent le film sur leurs épaules. La comédienne est devenue en une année l'enfant chérie du cinéma français. Elle a été, cette année, à l'affiche de Belleville Tokyo, Pourquoi tu pleures, l'art de séduire et En ville. Valérie Donzelli est partout. Les seconds rôles sont parfaits. On retrouve Béatrice de Staël, déjà présente dans La Reine des pommes mais aussi des petits nouveaux comme Philippe Laudenbach, Michele Moretti, Anne Le Ny ou Brigitte Sy. Jérémie Elkaïm retrouve Bastien Bouillon du téléfilm Simple et Frédéric Pierrot du film Polisse.
La bande-originale est au demeurant excellente et allie le classique, l'ancien et le moderne. On passe avec facilité de La vie parisienne de Jacques Offenbach à The Bell Tolls Five de Peter Van Poehl en passant par La fac de lettres de Jacqueline Taieb au Rectangle de Jacno. Les choix musicaux collent parfaitement à l'ambiance.
A partir de la terrible épreuve que le couple a vécue, la réalisatrice a décidé d'utiliser cette matière personnelle et douloureuse pour réaliser un film à la fois bouleversant et déconcertant. Ce deuxième long-métrage de Valérie Donzelli est juste un chef d'œuvre. Renversant, perturbant, sensible, fort, prenant.
Fiche Technique
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Française
Réalisation : Valérie Donzelli
Interprètes : Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, César Desseix, Gabriel Elkaïm, Brigitte Sy, Elina Löwensohn, Michèle Moretti, Philippe Laudenbach, Bastien Bouillon, Béatrice de Staël, Anne Le Ny, Frédéric Pierrot, Elisabeth Dion et Jennifer Decker
Durée : 100 minutes
Année de production : 2010
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