Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Séance de rattrapage : Les Adoptés *

Les Adoptés, le 23 novembre 2011 au cinéma *

Les Adoptés de Mélanie Laurent

Synopsis


Une famille de femmes que la vie a souvent bousculée mais qui est parvenue avec le temps à apprivoiser les tumultes. Les hommes ont peu de place dans cette vie et naturellement quand l'une d'entre elle tombe amoureuse tout vacille. L'équilibre est à redéfinir et tout le monde s'y emploie tant bien que mal. Mais le destin ne les laissera souffler que peu de temps avant d'imposer une autre réalité. La famille devra alors tout réapprendre. La mécanique de l'adoption devra à nouveau se mettre en marche forçant chacun à prendre une nouvelle place...

L'Avis de Thibault

Avec sa première réalisation, Mélanie Laurent prend des risques. Malgré son jeune âge, elle s'est déjà essayée dans divers domaines. Mais pourquoi ne se repose t'elle pas un peu ? Si elle a déçu dans la chanson, elle déçoit aussi dans la réalisation. N'est pas réalisateur qui veut et Mélanie Laurent semble encore bien jeune pour prétendre à une telle envergure.

Les personnages d'une famille forment une bulle dans laquelle tout se passe bien malgré les embûches qu'ils arrivent toujours à surmonter car ils restent toujours unis quoiqu'il arrive. Mais le coup de foudre de l'une d'entre elles va chambouler le rythme de vie habituel de cette famille composée essentiellement de femmes jusqu'à ce qu'un drame bien plus inattendu vienne semer le trouble dans les esprits et dans les cœurs.

Présenté sous la forme déjà vu des tableaux où le regard se concentre sur un personnage, puis un autre... on suit d'abord la relation amoureuse naissante et pleine de rêves et d'espoir de Marine, la jeune soeur, avec un homme pas si beau que çà mais l'amour ne s'explique pas toujours. Cette construction en plusieurs actes rappelle légèrement Melancholia.

Selon l'adage bien connu qui prétend qu'à trop embrasser on étreint mal, le film souffre d'un trop-plein de sujets (la famille, l'amour, la maladie et le deuil, autant de thèmes lourds et maintes fois traités), d'une mise en scène terriblement lisse et apprêtée, multipliant les plans flous et ralentis dans des tonalités grises qui finissent par emmitoufler le tout dans un charmant cocon au cœur duquel hélas on ne nous laisse guère pénétrer.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que Mélanie Laurent ne fait pas dans la finesse ni le léger avec cette histoire de deux sœurs très proches qu'un drame va séparer et donner l'occasion à l'une de faire le point sur sa vie. Le scénario, sur le thème de deux sœurs fusionnelles que l'amour de l'une pour un critique gastronomique vont séparer, n'est que très peu exploité. Cela veut être esthétique mais c'est surtout creux. De nombreuses longueurs sont présentes et conduisent à passer à coté d'émotions qui devraient pourtant être plus intenses. Ce manque d'émotion n'arrive pas à masquer l'indigence du scénario. Le spectateur a droit à une avalanche de clichés et de séquences tièdes qui aboutissent à la paix et à la réconciliation avec en ligne de mire la création d'une nouvelle cellule familiale recomposée. Les dialogues voudraient jouer le décalage, le second degré, voire la dérision mais sont creux.

On peut souligner la grande importance accordée à l'esthétique qui est très soignée : une photographie glamour qui sublime le tout. Néanmoins on regrette une trop grande utilisation du flou et du ralenti. On sent que la réalisatrice a été inspirée par le cinéma indépendant américain ainsi que le cinéma de Pédro Almodovar, seulement cela reste un exercice de style bien propret. Comme une bonne élève, elle a rendu sa copie, seulement on ne ressent rien de personnel, de vrai. Tout est trop lisse.

Le film est encombré par des passages fantastiques comme lorsque la photo de Marine se met à parler à Léo où encore lorsqu'à la fin du film, on voit le fantôme de Marine, de blanc vêtue, dansant dans la neige. Ces scènes décrédibilisent complètement le côté authentique du film. Pourquoi à quasiment aucun moment n'est évoqué la grossesse de Marine dans le coma ? A aucun moment nul ne semble s'intéresser à ce bébé. Cela aurait pu être le sujet fort du film, plutôt que de tourner autour de l'amitié entre les deux sœurs.

Denis Ménochet est parfait. Il livre une performance irréprochable. Fin 2011, l'acteur peut être vu à l'écran dans trois films : à part le drame Les Adoptés, dans lequel il joue un homme dont l'amie est tombée dans le coma, il interprète un ex-militaire toujours ivre dans la comédie Le Skylab ainsi qu'un soldat dans le film Forces spéciales. On peut aussi remercier Audrey Lamy, en remplacement de Florence Forresti, qui réveille le spectateur lorsqu'elle apparaît entre deux zones floues. Comme d'habitude, elle emporte le morceau, en libraire survoltée, passant du rire à l'émotion avec brio. Elle apporte son énergie habituelle et une bonne dose d'humour. Le jeu de Mélanie Laurent est juste insipide. L'actrice manque cruellement de force, de conviction.

Plus près d'un Marc Levy que de Pédro Almodovar, l'histoire d'amour démarre sur des mots et se termine parfois sur des maux...

Fiche Technique

Genre : Comédie dramatique

Nationalité : Française

Réalisation : Mélanie Laurent

Interprètes : Mélanie Laurent, Denis Ménochet, Marie Denarnaud, Clémentine Célarié, Audrey Lamy, Théodore Maquet-Foucher, Morgan Perez et Nicolas Medad

Durée : 100 minutes

Année de production : 2010

Attaché de presse : Dominique Segall

Date de sortie : 23 novembre 2011

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04/12/2011
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