Le cinéma de Thibault

J. Edgar de Clint Eastwood

Synopsis

Le film explore la vie publique et privée de l'une des figures les plus puissantes, les plus controversées et les plus énigmatiques du 20e siècle, J. Edgar Hoover. Incarnation du maintien de la loi en Amérique pendant près de cinquante ans, J. Edgar Hoover était à la fois craint et admiré, honni et révéré. Mais, derrière les portes fermées, il cachait des secrets qui auraient pu ruiner son image, sa carrière et sa vie.

L'Avis de Thibault

Clint Eastwood nous revient avec un biopic sur l'un des personnages les plus emblématiques et les plus controversés de l'Amérique du XXème siècle, J. Edgar Hoover. Fondateur du FBI et 1er flic du pays pendant près d'un demi-siècle, Hoover a passé sa vie à traquer et compiler les secrets de ses concitoyens tout en prenant soin de bien cacher les siens. Autant le dire d'emblée, pour une vision complète et bien plus passionnante du pouvoir de Hoover sous huit présidents différents, il vaut mieux lire le roman de Marc Dugain, La malédiction d'Edgar.

J.Edgar est un biopic qui souffre cruellement d'un manque de rythme. Le réalisateur trouve son fil rouge dans l'homosexualité refoulée de son personnage, qu'il relie assez maladroitement à son adoration pour sa mère. Clint Eastwood n'ose pas aller au fond du cynisme de l'individu. Il n'y a pas de véritable engagement dans ce film qui survole la vie d'Hoover. Le personnage est traité superficiellement. Le scénario est hyper ennuyeux et ne décolle pas. Le montage est haché. La forme du film, alternant flash-back et allers-retours incessants entre diverses époques, est d'un classicisme un peu glacial. Il est ardu parfois de bien restituer les évènements chronologiquement. Ce qui manque au film, c'est de l'énergie, l'ensemble est assez académique et la mise en scène, bien qu'impeccable, ne fait jamais décoller le film. On ne ressent aucune intensité et aucune émotion.

L'histoire met en avant l'amour de J. Edgar pour sa mère, possessive, et son homosexualité à travers sa relation avec Clyde Tolson. On se sent mal à l'aise face à un Hoover à la sexualité floue, tendancieuse mais qu'il ne faut pas approfondir pour rester dans le politiquement correct. Pourtant cette homosexualité contrariée va conduire cet individu à une vie de refoulé sexuel, d'aigri et de mégalo, menteur détestable et détesté par les 8 Présidents sous lesquels il a accompli ses basses besognes. La voix off est maladroite à plusieurs reprises. Trop académique, le film ne semble jamais proposé autre chose qu'un historique confus et brouillon de l'histoire de Hoover, s'attardant trop longtemps sur son ambiguïté sexuel. Le vieillissement des acteurs est raté. Ils ressemblent à des poupées de cire du Musée Tussaud.

Le scénariste du film, Dustin Lance Black, oscarisé pour son scénario d'Harvey Milk en 2009, a fait de longues recherches sur John Edgar Hoover, en s'appuyant sur des ouvrages, des témoignages de proches et de personnes qui travaillaient à Washington à son époque. Mais il se disperse dans ses minutieuses recherches.

Il offre à Leonardo DiCaprio un rôle en or à sa mesure. Cette collaboration si attrayante ne serait-elle pas la chose la plus réussie du film ? Sa prestation est magistrale, il parvient à faire ressortir toute la complexité de ce personnage aux intentions plus que douteuses. De sa haine profonde pour les communistes, à ces rapports compliqués avec les femmes en passant pas son homosexualité refoulée envers son amie Clyde Tolson. Leonardo DiCaprio confirme qu'il est le meilleur acteur de sa génération mais passera une nouvelle fois à coté d'un Oscar qu'il mérite tant. Naomie Watts apporte une touche de grâce et de charme au long-métrage en campant sa secrétaire fidèle jusqu'au bout. Armie Hammer est une révélation, belle étoile montante d'Hollywood depuis The Social Network.

Si la personnalité ambiguë du personnage est bien rendue grâce à la composition étonnante d'un DiCaprio inquiétant, l'ensemble reste cependant ennuyeux. Un film qui manque de caractère pour notre plus grand regret. Après le décevant Au-Delà, le cinéaste américain paraissait reprendre le droit chemin avec une biographie sur J. Edgar Hoover. Malheureusement le réalisateur de Gran Torino et de Million Dollar Baby semble avoir perdu la main. A se demander si on n'aurait pas définitivement perdu Clint Eastwood. Il devrait prendre une retraite bien méritée après une vie garnie de succès tant en acteur qu'en réalisateur.

Fiche Technique

Genre : Biopic, Drame

Nationalité : Américaine

Réalisation : Clint Eastwood

Interprètes : Leonardo DiCaprio, Naomi Watts, Armie Hammer, Josh Lucas, Judi Dench, Josh Hamilton, Geoffrey Pierson, Cheryl Lawson, Kaitlyn Dever, Brady Matthews, Gunner Wright, David A. Cooper, Ed Westwick, Kelly Lester, Jack Donner, Dylan Burns, Jordan Bridges, Jack Axelrod, Jessica Hecht, Josh Stamberg, Michael James Faradie, Christian Clemenson, Billy Smith, Michael Rady, Ken Howard, Scot Carlisle, Geoff Stults, Sadie Calvano, Allen Nabors, Ryan McPartlin, William Bebow, Jeffrey Donovan, Joseph Culliton, Scott Johnston, Tom Archdeacon, Mike Vaughn, Miles Fisher, Stephen F. Schmidt, Dermot Mulroney, Zach Grenier, Johnny Cicco, Denis O'Hare, Damon Herriman, Kahil Dotay, Lea Coco, Scott C. Roe, Ernest Harden Jr., Roberta E. Bassin, Steve Monroe, Christopher Lee Philips, Sean Murphy, Stephen Root, Gary Werntz, David Clennon, Michael O'Neill, Eric Larkin, Manu Intiraymi, Eric Frentzel, Michael Klinger (III), Evan Charest Emily Alyn Lind, Kyle Eastwood, Joe Bagg, Kye Palmer, Jason Harnell, Michael Gladis, Jamie Labarber, Lea Thompson, Amanda Schull, Craig Zucchero, Gregory Hoyt, Jeff Cockey, Gerald Downey, Brennan Coulter, Jenny Phagan, Tom Christensen, Chris Caputo, Austin Basis, Adam Driver, Shannon McClain, Justin Alston, Eric Matheny, Ary Katz, Duncan Hood, Aaron Lazar, Ernest Heinz, Teresa Hegji, Thomas Langston, Robert Fleet, Joe Keyes, Christopher Shyer, Maxine Weldon, Larkin Campbell et Mark Thomason

Durée : 135 minutes

Année de production : 2011

Attachés de presse : Eugénie Pont, Carole Chomand et Sabri Ammar

Date de sortie : 11 janvier 2012

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