Le cinéma de Thibault

Maman de Alexandra Leclère

Synopsis

Deux sœurs vont kidnapper leur mère pour l'obliger à les aimer.

L'Avis de Thibault

Quelques temps avant la traditionnelle fête des mères Alexandra Leclère offre un cadeau qu'on pourrait qualifier d'empoisonné. Après Les sœurs fâchées (2004) et Le prix à payer (2007), Alexandra Leclère revient de nouveau sur les conflits familiaux avec son troisième long métrage Maman.

Sandrine et Alice sont deux sœurs à qui la vie semble sourire en apparence. L'une travaille dans la publicité et papillonne gaiement. L'autre vit dans un vaste appartement parisien aux côtés d'un mari aimant. Rien ne semble prédestiner ces deux belles jeunes femmes à kidnapper leur mère dans une demeure bretonne pour l'obliger à les aimer. Et pourtant, lorsque cette dernière, récemment séparée, refait surface après vingt ans de silence, cette solution semble des plus naturelles... S'en suit un huis-clos désarmant entre trois femmes qui vont apprendre l'usage de la parole et l'art du regard.

Alexandra Leclère ne s'en cache pas, Maman trouve sa source dans une histoire personnelle. Dans ses deux premiers films, la réalisatrice nous a démontré avec panache toute la complexité des rapports humains au cœur de la famille : d'une part la relation tendue entre deux sœurs, puis de l'autre part la guerre entre un mari et sa femme. Sa troisième comédie suit la même démarche en traitant du conflit entre deux sœurs et leur mère. Dans une ambiance glaçante, la mise en scène est parfois maladroite.

La carence affective est le point de départ pour tenter de traiter d'un sujet dur et profond à la fois. Le scénario aux évolutions psychologique invraisemblables est poussif. Qui est cette mère ? D'où elle sort ? Les dialogues sont d'une pauvreté affligeante et frisent le vulgaire. On imaginait bien le potentiel en répliques assassines dévastatrices malheureusement il n'en est rien. La confrontation est un peu trop faible et manque de piment.

Certaines situations sont un peu lourdes. La réconciliation finale tombe comme un cheveu sur la soupe. Qu'est-ce qui déclenche le revirement de cette maman ? Mystère... Mais certaines scènes échappent cependant à la médiocrité du film : l'image de la mère trainant ses lourdes chaînes comme le poids de sa faute à travers la maison ainsi que son cri de colère contre les pères toujours épargnés.

Nul ne conteste le pouvoir destructeur d'une telle carence en amour, mais on regrette que ce problème universel soit présenté de manière superficielle et trop souvent cliché. Un sujet aussi sensible et délicat que l'abandon d'une mère aurait mérité beaucoup plus de subtilité. Le long-métrage ne dépasse presque jamais le stade du déchirement. On imagine sans mal ce que Albert Dupontel ou Artus de Penguern auraient pu tirer d'une telle histoire. Quelque chose d'âpre, cinglant et certainement explosif au bout du compte.

Josiane Balasko, magnifique dans ce rôle de mère agressive qui finit par laisser entrevoir ses faiblesses, est plutôt convaincante. Sorte de Tatie Danielle, elle joue avec ténacité l'indifférence sentimentale ou la torture sur l'enfant, jetant ses pics de marâtres là où cela fait le plus mal. On n'avait pas vu Balasko aussi efficace dans l'humour vache depuis bien longtemps. Mathilde Seigner est employée dans ce qu'elle sait le mieux faire au ciné : faire la gueule et râler. Elle ne joue pas, elle est. C'est Charlotte Gainsbourg qui était pressentie au départ mais enceinte de son troisième enfant, elle a du annuler. Marina Foïs tire son épingle du jeu et est parfaite dans la scène du fusil.

Maman n'est pas une comédie à la française. Comment devenir maman en un week-end, quand on avait voulu oublier depuis 20 ans qu'on était au moins mère ?

Fiche Technique

Genre : Comédie dramatique

Nationalité : Française

Réalisation : Alexandra Leclère

Interprètes : Josiane Balasko, Mathilde Seigner, Marina Foïs, Serge Hazanavicius, Michel Vuillermoz, Thomas Gerard et Mathieu Rousseau

Durée : 88 minutes

Année de production : 2011

Attachés de presse : Laurent Renard et Leslie Ricci

Date de sortie : 9 mai 2012

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