Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Sur la route, le 23 mai 2012 au cinéma *

Sur la route, le 23 mai 2012 au cinéma *

Sur la route de Walter Salles

Synopsis


Au lendemain de la mort de son père, Sal Paradise, apprenti écrivain new-yorkais, rencontre Dean Moriarty, jeune ex-taulard au charme ravageur, marié à la très libre et très séduisante Marylou. Entre Sal et Dean, l'entente est immédiate et fusionnelle. Décidés à ne pas se laisser enfermer dans une vie trop étriquée, les deux amis rompent leurs attaches et prennent la route avec Marylou. Assoiffés de liberté, les trois jeunes gens partent à la rencontre du monde, des autres et d'eux-mêmes.

L'Avis de Thibault

Après Howl de Rob Epstein, qui est sorti en février 2012, c'est au tour de Sur la route de rendre hommage à la Beat Generation. Adapter au cinéma le roman culte de Jack Kerouac en grande partie autobiographique, Sur la route est un pari osé. L'adaptation a connu la période de gestation la plus longue dans l'histoire du cinéma. Dès les années 50, l'écrivain a voulu porter son livre à l'écran avec Marlon Brando et James Dean. Le projet a ensuite intéressé Francis Ford Coppola qui a acheté les droits du roman en 1968. Il a d'abord pensé réaliser le film avec son fils Roman, puis a fait appel à des réalisateurs comme Joel Schumacher, Jean-Luc Godard ou Gus Van Sant. C'est finalement Walter Salles qui hérite du film, après avoir convaincu la famille Coppola grâce à Carnets de voyage.

L'histoire suit le road trip de Dean et Sal, deux amis qui sillonnent les États-Unis de la fin des années 40 d'est en ouest (et vice-versa), pied au planché, le tarpé dans une main, la bouteille de whisky dans l'autre. Une fureur de vivre version Walter Salles.

A priori Walter Selles s'y connaît en road movies (Carnets de route sur le voyage du Che et d'Alberto Granado effectué en 1952 à travers l'Amérique du Sud). Le road movie, est moins intense que prévu... Pourquoi donc n'avons-nous pas senti nos veines vibrer à l'appel des grands espaces ? Il ne suffit pas de filmer des kilomètres de route pour nous embarquer pleinement dans le voyage. Mais ou est donc passé l'esprit d'aventure et de liberté que décrit Kerouac ? Il y manque sans doute un élément dramatique fort qui aurait pu survolter cette oeuvre somme toute redondante. Le film semble avoir choisi une autre voie, celle de l'académisme un peu ronflant. Comme s'il était à la recherche du temps perdu, le métrage ne nous laisse pas le temps de nous attacher à rien, qu'il s'agisse aussi bien des États traversés que des personnages rencontrés. Il aura bien du mal à atteindre le statut culte de son illustre modèle.

La répétition du parcours, scandé par des moments chauds et musicaux, se fait un peu ressentir alors que la psychologie de chacun évolue finalement peu au gré de leur initiation. L'émotion et l'amitié entre les deux compagnons de route ne survient pour de bon qu'au cours des dernières minutes, lorsque Sal parvient enfin à trouver l'inspiration pour son roman en ouvrant celui de Marcel Proust : Du côté de chez Swann. Hésitant entre le pur road movie et l'adaptation littéraire, le réalisateur ne parvient pas à trouver son style et s'embourbe dans un récit répétitif ponctué par des citations en voix off qui révèlent l'absence de lien entre les séquences de son film. Le film manque de fil directeur, de consistance et surtout d'intérêt.

Les images d'Eric Gauthier sont soignées et permettent de restituer pleinement cette ambiance déglinguée et organique. Le réalisateur réuni plusieurs classiques de blues et de jazz et a fait appel à Gustavo Santaolalla, le compositeur qui a déjà travaillé avec lui sur Carnets de voyage et qui a été salué à deux reprises par l'Oscar de la meilleure musique de film pour Le Secret de Brokeback Mountain en 2006 et Babel en 2007.Les rythmes endiablés s'enchaînent.

Tous les acteurs livrent sur un plateau d'argent le plus beau de leur émotivité, avec une impudeur qui sait toucher. Sam Riley crève l'écran. Le comédien britannique révélé en Ian Curtis dans Control, apporte toute la subtilité à un personnage de suiveur qui n'en demeure pas moins essentiel. Enorme surprise en ce qui concerne l'interprétation de Garrett Hedlund. La révélation de Tron l'héritage vient troubler les esprits dans le rôle du pote de Kerouac. Le surprenant Tom Sturridge s'en sort plutôt bien dans les rôles de Carlo/Ginsberg. Les personnages féminins sont largement sacrifiés. Kristen Stewart est toujours très fade. Elle n'a que peu de chose à jouer pour ne pas dire rien du tout. Kirsten Dunst est excellente dans ses quelques apparitions, le seul personnage réellement sensé de l'œuvre.

Un chant à l'amitié mise a rude épreuve, tant la route est longue. Walter Salles n'a pas réussi a nous inviter a bord.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Américaine, Française et Britannique

Réalisation : Walter Salles

Interprètes : Garrett Hedlund, Sam Riley, Kristen Stewart, Amy Adams, Tom Sturridge, Danny Morgan, Alice Braga, Marie-Ginette Guay, Elisabeth Moss, Kirsten Dunst, Viggo Mortensen, Steve Buscemi, Joe Chrest, Kaniehtiio Horn, Sarah Allen et Kim Bubbs

Durée : 140 minutes

Année de production : 2012

Titre original : On The Road

Attachés de presse : Jérôme Jouneaux et Cédric Landemaine

Ce film est présenté en Sélection Officielle - Compétition au Festival de Cannes 2012

Date de sortie : 23 mai 2012

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29/05/2012
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