Le cinéma de Thibault

Cosmopolis de David Cronenberg

Synopsis

Dans un New York en ébullition, l'ère du capitalisme touche à sa fin. Eric Packer, golden boy de la haute finance, s'engouffre dans sa limousine blanche. Alors que la visite du président des Etats-Unis paralyse Manhattan, Eric Packer n'a qu'une seule obsession : une coupe de cheveux chez son coiffeur à l'autre bout de la ville. Au fur et à mesure de la journée, le chaos s'installe, et il assiste, impuissant, à l'effondrement de son empire. Il est aussi certain qu'on va l'assassiner. Quand ? Où ? Il s'apprête à vivre les 24 heures les plus importantes de sa vie.

L'Avis de Thibault

5 mois après A Dangerous Method, David Cronenberg revient avec son nouveau film Cosmopolis, adaptation du roman de l'auteur américain Don DeLillo. Le livre, publié en 2003, avait à l'époque reçu des critiques majoritairement négatives. Cependant, avec le temps, l'opinion a évolué.

L'intrigue se déroule sur une journée, au cours de laquelle un jeune multimilliardaire, enfermé dans sa luxueuse limousine prise dans des embouteillages, va voir son destin basculer irrémédiablement. Le réalisateur met en analogie la description d'un monde déliquescent et la chute d'un golden boy, cloitré dans sa limousine, totalement imperméable au monde extérieur, ravagé par le cynisme puis par la paranoïa et la suspicion. Pourquoi vouloir adapter l'inadaptable ? Telle est la question que l'on pourrait se poser.

La première minute de Cosmopolis, long travelling au ras de limousines blanches, est fascinante. Elle est bien la seule. Le film est statique même si l'on voyage en limousine. Cosmopolis manque cruellement de rythme. Le fil rouge de ce film est le fait que le personnage principal veut aller chez le coiffeur. Pendant que le monde s'écroule, notre héros n'affiche son inquiétude que quand on lui apprend que sa prostate est asymétrique. Cronenberg nous livre un film radicalement anti-hollywoodien, aussi bien dans le fond que dans la forme.

Eric Packer est un vampire enfermé pour l'éternité dans une limousine qui ressemble à un cercueil (normal pour Robert Pattinson), froid et dépourvu de sentiments, robotique et blafard, effrayé par le soleil. Le roi s'ennuie et laisse ses courtisans lui raconter le monde tel qu'il va, le toucher et le baiser sans qu'il quitte son trône de cuir. Les divers personnages apparaissent et disparaissent après des monologues dont on perd le fil très vite.

Les personnages, stoïques ou enfermés, parlent pour ne rien dire. Les dialogues interminables et imbuvables n'ont aucune cohérence et sont entrecoupés d'un coup de feu ou d'un coup de rein. Sans crédibilité, ils tiennent de la philosophie de bazar et prétendent accuser le système financier sous couvert d'extraversions mondaines. On a le plus souvent l'impression d'avoir à faire à d'ennuyeux monologues qu'à de véritables échanges. Ca parle beaucoup pour ne rien dire. Le propos est d'une prétention qui n'a d'égal que sa vacuité et sa profondeur abyssale dans le trivial.A Dangerous Method était tout aussi bavard mais s'avérait passionnant. Il y avait du fond dans les échanges entre Carl Jung et Freud. Seule la photographie est maîtrisée.

Les acteurs sont étonnement mauvais ou très mal dirigés. Robert Pattinson livre une performance d'acteur fidèle à lui même, sans aucune émotion. L'acteur théatral manque d'émotion, il risque de surprendre son public. Initialement, Colin Farrell avait été prévu mais dut abandonner le projet en raison d'un problème d'emploi du temps. On retrouve aussi les acteurs Mathieu Amalric et Juliette Binoche qui font partie du cercle très fermé des Français à avoir une carrière internationale. Juliette Binoche est très sensuelle mais n'a qu'une scène dans le film. Elle illumine l'œuvre par sa beauté. Mathieu Amalric est complètement surprenant. Jay Baruchel est convaincant mais très peu présent.
Que sont ils venus faire dans cette galère ?

Cette ode à l'asymétrie, cet enterrement du capitalisme triomphant va irriter les spectateurs. Quand David Cronemberg se prend pour David Lynch... Où est passé le réalisateur d'ExistenZ ou Spider ?

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Canadienne et Française

Réalisation : David Cronenberg

Interprètes : Robert Pattinson, Juliette Binoche, Sarah Gadon, Mathieu Amalric, Jay Baruchel, Kevin Durand, K'Naan, Emily Hampshire, Samantha Morton, Paul Giamatti, Anna Hardwick, Patricia McKenzie, George Touliatos, Maria Juan Garcias, Saad Siddiqui, Philip Nozuka, Jadyn Wong et Milton Barnes

Durée : 108 minutes

Année de production : 2012

Attachés de presse : Agnès Leroy, Bruno Barde et Alexis Delage-Toriel

Ce film est présenté en Sélection Officielle - Compétition au Festival de Cannes 2012

Date de sortie : 25 mai 2012

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