Le cinéma de Thibault

Sa majesté Minor de Jean Jacques Annaud

Synopsis

Dans une île imaginaire perdue en Mer Egée, aux temps très lointains d'avant Homère, Minor, mi-homme mi-cochon, orphelin et muet, file des jours tranquilles dans la douce tiédeur de la porcherie en compagnie de sa bonne amie la Truie. Au cours d'une escapade en forêt mythologique, il fait la rencontre d'un des personnages les plus influents de son époque, le Dieu Pan - alias Satyre, qui l'initie à sa manière de bouc aux imprévus du paganisme.
Perché sur une branche d'olivier pour épier Clytia, la fille du Patriarche promise au poète Karkos, Minor fait une mauvaise chute et se tue. Comme on est encore au début du film, et que la période le permet, il ressuscite et recouvre la parole.
Les villageois éberlués découvrent que non seulement il n'est pas mort, mais qu'il se révèle doué d'un stupéfiant sens de l'éloquence.
Sur les conseils du devin, Minor est sacré roi.
Les ennuis commencent...

L'Avis de Thibault

Après Stalingrad et Deux frères, Jean-Jacques Annaud nous propose un film décalé et épique.
Mélangeant ses deux thèmes préférés : l'humain (L'amant) et les animaux (L'ours), il décide de planter son décor dans une île de la mer Egée en Grèce.
Son héros s'appelle Minor, mi-homme mi-cochon, un peu simple et terriblement naïf. Il deviendra avec l'aide de Satyre, mi dieu mi bouc, le roi de l'île.
Loin des films français classiques sur les trentenaires ou sur la banlieue, le réalisateur innove et choque avec ce film inclassable. Le sujet principal est le sexe. On y parle de phallus, de mamelles et même de sodomie : tout ce qui permet à la race de procréer. La sexualité n'est pas honteuse, elle est joyeuse, elle est la vie. Derrière la comédie se cachent des thèmes beaucoup plus grave comme l'abus de pouvoir ou l'exclusion.

José Garcia montre tout son talent. Il est formidable dans ce personnage si candide. Vincent Cassel, peu présent à l'écran, surprend aggréablement à jouer le dieu Pan tout en second degré, obsédé par le plaisir anal. Il fait penser au séduisant Lucifer. Pour incarner le poète, Jean-Jacques Annaud a fait appel à un comédien espagnol, Sergio Peris-Mencheta. De plus, il a particulièrement soigné son casting avec de grandes gueules habituées à des seconds rôles. Claude Brasseur (Camping), Rufus (Le fabuleux destin d'Amélie Poulain), Jean-Luc Bideau (Pur week-end), Bernard Haller (La soif de l'or), Mélanie Bernier (Le temps des porte plumes), Marc Andreoni (La vérité si je mens 2) forment les habitants du village de Minor.

La lumière de Jean-Marie Dreujou (Les bronzés 3) a été puisée dans l'univers de la peinture. Les intérieurs peuvent rappeler quelques Rembrandt et certains extérieurs à Cézanne.

Conçu comme un hymne à la vie, le film fut endeuillé par la disparition du scénariste Gérard Brach, fidèle collaborateur de Jean-Jacques Annaud (La Guerre du feu, Le Nom de la rose, L'Ours, L'Amant) et de Roman Polanski (Répulsion, Frantic). Il est décédé en septembre 2006, quatre jours après le début du tournage de Sa majesté Minor à l'âge de 79 ans. Au final, le film peut dérouter par ses thèmes, son langage et une certaine violence des événements mais on est content d'avoir vu un film qui sort des sentiers battus.

Fiche technique

Genre : Comédie, Fantastique

Nationalité : Française, Espagnole

Réalisation : Jean-Jacques Annaud

Casting : José Garcia, Vincent Cassel, Sergio Peris-Mencheta, Mélanie Bernier, Claude Brasseur, Rufus, Jean-Luc Bideau, Taïra Borée, Marc Andreoni, Bernard Haller, Alice Frémont et Rosine Favey

Durée : 101 min.

Année de production : 2006

Date de sortie : 10 Octobre 2007

N° de visa : 115971