Le cinéma de Thibault

La belle personne de Christophe Honoré

Synopsis

Junie, seize ans, change de lycée en cours d'année suite à la mort de sa mère. Elle intègre une nouvelle classe dont fait partie son cousin Matthias. Il devient son ambassadeur auprès de sa bande d'amis. Junie est vite courtisée par les garçons du groupe, elle consent à devenir la fiancée du plus calme d'entre eux, Otto. Mais bientôt, elle sera confrontée au grand amour, celui de Nemours, son professeur d'italien. La passion qui naît entre eux sera vouée à l'échec. Ne voulant pas céder à ses sentiments, Junie s'obstine à refuser le bonheur, car il n'est à ses yeux qu'une illusion.


L'Avis de Thibault

La belle personne, initialement tourné pour la télévision et justement adapté de La princesse de Clèves, s'inscrit avec cohérence dans le langage post-nouvelle vague qu'a établi si nostalgiquement Christophe Honoré. Après Les chansons d'amour a l'environnement envoutant et troublant, Christophe Honoré a encore frappé et montre la modernité du texte classique de la littérature.

Le roman de Madame de Lafayette a déjà été porté à l'écran d'assez nombreuses fois, et souvent transposé, comme ici. Honoré a le talent pour montrer à quel point les relations amoureuses sont complexes et multiples. Son film exalte la noblesse des sentiments. La belle personne est un objet rare, romantique, sans lyrisme, grave et enchanté, bercé par une musique sentimentale. Le sujet de l'amour passionnel est traité avec beaucoup de finesse.

Christophe Honoré prend soin de l'image. Son cinéma est une douce poésie hivernale, froide comme des blocs de glaces qui fondent et coulent sur les corps. Son sens tout naturel de la mise en scène pour mettre en avant les sentiments des personnages, sa manière de les mettre au cœur d'un récit entièrement axé sur un centre commun, de dramatiser des petits drames que l'on vit tous, de rendre exceptionnelle la parade amoureuse comme si la vie de chacun finissait par en dépendre, sont des choix de cinéma magnifiques et magnifiés dans une aube gelée et désespérément la même le lendemain. Le côté XVIè du film permet paradoxalement d'atténuer la distance qui nous sépare du langage de Mme de Lafayette. Les dialogues sont toujours minutieusement travaillés.

Et la musique ! Très belle, elle procure beaucoup d'émotions. On se laisse emporter. Pour notre plus grand plaisir, une chanson mais une seule est interprétée par un acteur du film. Grégoire Leprince-Ringuet chante Comme la pluie, très belle chanson d'Alex Beaupain.

On retrouve dans ce nouveau film toutes ces muses ayant un rôle plus ou moins important, que ce soit Louis Garrel, Grégoire Leprince-Ringuet, Clotilde Hesme, Alice Butaud et même une apparition de Chiara Mastroianni. Les acteurs donnent une âme et une plénitude savoureuse à chaque personnage. Toujours aussi percutant, Grégoire Leprince-Ringuet est touchant. Il est immanquable dans le cinéma français de demain. Son reflet est empli de faiblesse. Léa Seydoux est touchante et grave dans son interprétation de la princesse de Clèves. Elle est magnifique et intrigante.

Ce film est poétique, beau et retranscrit intelligemment la pureté des protagonistes de la princes de Cleves, ce qui était le point de départ du film. Un très beau point final à sa trilogie parisienne après Dans Paris et Les Chansons d'amour.

Fiche technique

Genre : Comédie dramatique

Nationalité : Française

Réalisation : Christophe Honoré

Casting : Louis Garrel, Léa Seydoux, Grégoire Leprince-Ringuet, Esteban Carvajal Alegria, Simon Truxillo, Agathe Bonitzer, Anaïs Demoustier, Jacob Lyon, Tanel Derard, Martin Simeon, Jeanne Audiard, Esther Garrel, Valérie Lang, Chantal Neuwirth, Jean-Michel Portal, Dominic Gould, Alice Butaud, Matilde Incerti, Clotilde Hesme, Chiara Mastroianni, Richard Rousseau et Julien Honoré

Durée : 90 min.

Année de production : 2007

Date de sortie : 17 Septembre 2008