Le cinéma de Thibault

Loin de la terre brûlée de Guillermo Arriaga

Synopsis

Dans le désert du Nouveau Mexique, une caravane explose mystérieusement, à l'intérieur ; Gina et Nick, son amant secret, meurent. Une quinzaine d'années plus tard, à Portland, Sylvia, jeune femme perdue qui multiplie les conquêtes amoureuses est poursuivie par un homme étrange... Deux histoires de femmes se percutent à travers le temps, des vies s'entremêlent et les relations s'enflamment...

L'avis de Thibault

Guillermo Arriaga a atteint la renommée internationale, allié à A.G.Inarritu, grâce à ses talents de scénariste, à ses récits virtuoses (Amours chiennes, 21 grammes, Babel, Trois enterrements). Il passe cette fois-ci derrière la caméra et nous livre Loin de la terre brûlée, film choral qui mêle plusieurs histoires qui se rejoignent au final. Le récit joue avec le temps pour nous offrir un rébus à trois étages, correspondants aux trois générations de femmes impliquées.

Guillermo Arriaga a su recréer l'ambiance si particulière de ses précédentes écritures en mêlant habilement le passé et le présent sans créer de confusion à la manière de pièces de puzzle qu'on assemble pour nous donner à la fin l'ensemble final. Le jeu des flashbacks est sans doute le trait le plus exceptionnel de ce film. Les flashbacks parcourent trois époques différentes sans ménagement. Le montage est parfait, faisant rebondir la narration sans jamais se perdre.

Le scénario demeure efficace. Le réalisateur traite d'autres sujets capitaux, comme le fait qu'une tragédie peut engendrer des évènements teintés de beauté, ou que les barrières entre cultures (américaine/mexicaine) doivent être effacées pour que les peuples tendent au rapprochement fraternel. Son film parle également de la mort, des remords, de l'acceptation et du pardon.

On remarquera aussi le gros travail effectué sur la photo et l'étalonnage, signifiants dans ce film.
La différence visuelle entre l'hiver à Portland et la "terre brûlée" sert non seulement de point de repère spatio-temporel mais est aussi le reflet des états d'âme des personnages. Passion brûlante au Nouveau-Mexique ; fuite et haine de soi dans le nord glacé...

Les femmes, Guillermo Arriaga les a bien saisies, un peu à la manière d'un Almodóvar. Ce mélodrame à l'écriture soignée permet à Charlize Theron d'incarner avec sensibilité le personnage tourmenté de Mariana, pivot d'une lourde histoire de famille (s) dont la narration porte sur des événements séparés par douze années. La comédienne est saisissante en femme libérée qui consomme les hommes pour éviter toute attache et projette dans son regard toute la culpabilité de son personnage. Elle s'interdit de connaître le bonheur pour épier sa faute et se punit en s'automutilant. Elle, sublime et talentueuse, porte le film. Elle démontre que son statut de comédienne n'est pas seulement dû à son physique. Kim Basinger affiche une pudeur déconcertante. Elle est bouleversante et trouve un de ses meilleurs rôles depuis longtemps. Jennifer Lawrence, sacrée meilleure espoir féminin à Venise, démontre un potentiel inestimable. Elle assume parfaitement le rôle de "passerelle" entre ses deux aînées, semant le trouble aussi bien dans l'histoire du film que dans l'esprit du public. Impressionnante, elle contribue si bien à la beauté d'ensemble du film...

Trois femmes, trois destins liés, le passé reste marqué et constitue notre futur. L'amour, le chagrin, la culpabilité formeront à la fin le pardon de cette histoire oh combien douloureuse mais si délicate.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Américaine

Réalisation : Guillermo Arriaga

Casting : Charlize Theron, Kim Basinger, Jennifer Lawrence, Joaquim de Almeida, Tessa Ia, Diego J. Torres, Danny Pino, Brett Cullen, Stacy Marie Warden, Fernanda Romero, J.D. Pardo, Marty Papazian, José Maria Yazpik, Taylor Warden, Kacie Thomas, TJ Plunkett, Gray Eubank, John Corbett et Robin Tunney

Durée : 108 min

Année de production : 2008

Titre original : The Burning Plain

Date de sortie : 11 mars 2009

Budget : 20 000 000 $