Le cinéma de Thibault

Sleeping Beauty de Julia Leigh

Synopsis

Ce que les hommes lui font la nuit, Elle l'a oublié au réveil. Une jeune étudiante qui a besoin d'argent multiplie les petits boulots. Suite à une petite annonce, elle intègre un étrange réseau de beautés endormies. Elle s'endort. Elle se réveille. Et c'est comme si rien ne s'était passé...

L'Avis de Thibault

Sleeping Beauty, long-métrage réalisé par la romancière australienne Julia Leight (Le Chasseur en 1999 et Ailleurs en 2008), est présenté en compétition officielle au festival de Cannes 2011. Le film est censuré et interdit aux moins de 16 ans en France pour incitation à la prostitution. La décision n'est pas très claire puisqu'il n'est nullement question de glorifier la prostitution durant le film.

Le synopsis est un étrange croisement entre une version glauque de La Belle au Bois Dormant et le roman japonais Les Belles Endormies, de Yasunari Kawabata. Le titre est un sombre détournement du classique Walt Disney La Belle au bois dormant. Sauf que ce film, n'est pas un conte. Ici, Lucy, jeune étudiante multiplie les petits boulots afin d'essayer de s'en sortir. Suite à une annonce, elle va vite intégrer un étrange réseau de beautés endormies . Le boulot est simple. Elle s'endort. Elle se réveille et c'est tout. Sauf qu'elle ne sait pas ce qui se trame dans son dos. Ainsi, elle ne sait pas ce que les hommes font à « leur cliente » le soir.

Contrairement aux apparences, le film ne tombe jamais dans la vulgarité. On pense à un mélange de Stanley Kubrick et de Luis Bunuel. En même temps la réalisatrice a son propre style : une sorte de perfection tant au niveau du cadrage, de la lumière, des acteurs, des dialogues. L'esthétique est très épurée. Le problème c'est que la réalisatrice ne choisit pas de point de vue. On ne sait pas pourquoi Lucy accepte le travail... Problème de finance des études ?! Il n'y a aucune indication, aucune explication dans ce film privilégiant inutilement le complet suggestif et les nombreux non-dits pour ne jamais les dire... Les spectateurs se perdront vite rien que Lucy qui commercialise son corps, sert de cobaye médical, serveuse et employée en charge des photocopies.

Pratiquement sans musique, complètement épuré, l'ambiance du film est assez dérangeante. L'ambiance froide et angoissante est magnifiquement constituée, certains plans sont d'une beauté qui laisse sans voix, époustouflants. Le film se raconte à travers de merveilleuses métaphores, que ce soit sur la vie, ou sur le personnage et sa descente aux enfers et part parfois dans d'intéressantes réflexions sur l'exhibition de la beauté, sur l'instrumentalisation du sexe et des femmes, sur le côté mécanique et répétitif de l'existence et sur les décisions importantes de la vie prises à la légère. Lucy demandera à deux reprises et à deux hommes différents de l'épouser, le tout à chaque fois sur le même ton platonique.

Emily Browning est stupéfiante. Elle incarne sans la moindre difficulté son personnage, à la perfection et tient certainement ici le rôle de sa vie quand on se rend compte de la difficulté de celui-ci et le professionnalisme qu'il demande. Promise à un avenir radieux dans le cinéma indépendant, l'actrice nous entraine vraiment dans cet univers étrange et complètement décalé. A l'origine, la révélation d'Alice au Pays des Merveilles, Mia Wasikowska, devait tenir le premier rôle. Elle a préféré se consacrer au tournage de Jane Eyre de Cary Fukunaga, aux côtés de Michael Fassbender.

Même si le film n'est pas complètement abouti, il n'en reste pas moins troublant et plus complexe qu'il n'y parait. Julia Leigh a réussi à insuffler un désir de la chaire dans son film. Dérangeant.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Australienne

Réalisation : Julia Leigh

Interprètes : Emily Browning, Rachael Blake, Ewen Leslie, Peter Carroll, Chris Haywood, Hugh Keays-Byrne, Bridgette Barrett, Hannah Bella Bowden, Les Chantery, Benita Collings, Michael Dorman, Eden Falk, Mirrah Foulkes, James Fraser (II), Robin Goldsworthy, Vernon Hayman, Paul He, Amit Kelkar, Sarah Kinsella, Ivy Mak, Tracy Mann, Stephanie Menere, Henry Nixon, Lauren Orrell, Nathan Page, Kelly Paterniti, Lizzie Schebesta, Natalia Siwek, Justin Smith, Sarah Snook, Pearl Tan, Jamie Timony, Joel Tobeck, Sinisa Vrebac, Daniel Webber et Matthew Whittet

Durée : 101 minutes

Année de production : 2011

Interdit aux moins de 16 ans

Attaché de presse : Jean-Pierre Vincent

Date de sortie : 16 novembre 2011

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