Le cinéma de Thibault

Soeur Sourire de Stijn Coninx

Synopsis

Jeannine Deckers, alias Soeur Sourire, est devenue un mythe international avec ses deux millions d'albums vendus en 1963 et cette chanson Dominique, qui a plané au-dessus des Beatles ou d'Elvis Presley dans les hit-parades du monde entier. Mais qui était réellement Soeur Sourire ? Le récit bouleversant d'une femme touchante, pleine de doutes et d'enthousiasme, en quête de l'amour...

L'avis de Thibault

Beaucoup de monde connaît le fameux refrain "Dominique-nique-nique..." mais derrière cette chanson se cache une tragédie.

Sœur Sourire de Stijn Coninx est inspiré de l'existence de Jeannine Deckers et se concentre sur quelques années de sa vie. On retrace la vie de cette religieuse, indécise têtue, qui connut un succès phénoménal avec sa chanson.

Sa vie est loin d'être joyeuse : une vie de famille détestable, un manifeste problème avec la mère, une difficulté à trouver sa place, une incapacité d'aimer, un refus de toute autorité alors même qu'elle choisit de s'y soumettre. La jeune femme de caractère refuse l'effacement de soi ainsi que la conformité qui semblaient être de mise à cette époque. Elle ne tient pas en place et suit son intuition.

Après avoir quitté l'habit de sœur, l'Église s'est chargée de ralenti le succès et la perte de la notoriété a conduit Jeanine Deckers vers sa chute. Jeanine est passée de l'ivresse à la gueule de bois, elle a été abandonnée par tous exceptée par son amie de cœur. Certains auront bien profité de la poule aux œufs d'or pour s'en mettre plein les poches. Mais quand la sœur a eu besoin d'eux, les portes se sont fermées. La fin du film est d'une poésie assez réussie, sans tomber dans le voyeurisme délectable de la mort. Le réalisateur a la sagesse de ne pas tomber dans le trash et cherche à comprendre la personnalité de la femme.

Racontée avec pudeur, le film du cinéaste belge Stijn Coninx a choisi d'exploiter le portrait d'une jeune femme qui suivait ses intuitions et un peu moins les règles. On vit littéralement avec Jeanine Deckers. Elle cherche obstinément sa voie vers le bonheur, animée par une force, une vitalité, une créativité peu compatible avec son milieu.

Ce film aborde avec délicatesse la recherche d'amour et d'absolu. La famille, l'église, les médias, le fisc sont montrés sans complaisance mais sans manichéisme. La lumière est froide, triste montrant bien le mal être de Jeannine et la reconstitution des scènes des années 60 est très bonne.

Grâce à son charisme, à sa gouaille et à sa bonne humeur communicative, Cécile de France s'est glissée dans ce personnage pour le rendre tendre, drôle et émouvant. Tour à tour révoltée, passionnée et éveillée dans le rôle de cette jeune nonne promise au succès et à ses conséquences, elle mène le film sur ses épaules de bouts en bouts, avec beaucoup de convictions. C'est grâce à sa ténacité que ce projet de Sœur Sourire a vu le jour. Epatante et pétillante, la comédienne ajoute un autre rôle majeur, à sa belle filmographie. Elle laisse suffisamment de place aux seconds rôles pour exister. Quel plaisir de retrouver Tsilla Chelton (Tatie Danielle) en doyenne des Dominicaines.

Même si le film est trop penché sur le tube qui la fit connaître et lui fit perdre pied, Sœur Sourire est un hymne à la vie. Le métrage s'avère à la fois tragique et profondément émouvant.

Fiche Technique

Genre : Biopic, Drame

Nationalité : Française et Belge

Réalisation : Stijn Coninx

Casting : Cécile de France, Sandrine Blancke, Jan Decleir, Johan Leysen, Chris Lomme, Marie Kremer, Jo Deseure, Filip Peeters, Christelle Cornil et Tsilla Chelton

Durée : 120 min

Année de production : 2008

Budget : 8 100 000 euros

N° de visa : 120923

Date de sortie : 29 Avril 2009