Another Happy Day, le 1 février 2012 au cinéma ***
Another Happy Day de Sam Levinson
Synopsis
Lynn débarque chez ses parents pour le mariage de son fils aîné, Dylan. Elle est accompagnée de ses deux plus jeunes fils, Ben et Elliot. La propension de ce dernier à mélanger alcool, drogues et médicaments ne le prive pas d'une certaine lucidité sur la joie des réunions de famille.
Et la réunion, de fait, est joyeuse : grands-parents réac, tantes médisantes, cousins irrémédiablement beauf.
Sans compter le premier mari de Lynn qui arrive flanqué de sa nouvelle femme tyrannique.
Chaque matin annonce décidément un nouveau jour de bonheur.
Une comédie sur des adultes en guerre, des ados en crise et le mariage qui les rassemble tous... pour meilleur et pour le pire.
L'Avis de Thibault
Sam Levinson, fils de Barry Levinson, célèbre réalisateur de Rain Man, Good morning Vietnam et Sleepers, prend un malin plaisir à dépeindre une famille toute entière dans un premier film sur fond de comédie dramatique.
Lynn et Paul ont divorcé, il y a vingt ans. Lynn a eu la garde de la fille, Alice; Paul, celle du fils, Dylan. Chacun s'est remarié de son côté. Paul a épousé Patty, une cagole exubérante et vulgaire, qui semble néanmoins avoir été une excellente mère de substitution pour Dylan, et qui a donné à Paul deux filles. Lynn a épousé le brave Ben, dont elle a eu deux fils : Elliot et Ben. Mais voilà que Dylan se marie, et souhaite avoir sa soeur Lynn pour témoin. Les familles recomposées doivent donc se retrouver pour un week end dans la grande maison où vivent les grands parents, Doris et Joe, qui perd complètement la tête, au milieu de tantes foldingues, tontons picoleurs, et petits cousins acnéiques et obsédés sexuels. Une occasion de déterrer la hache de guerre. Ces quelques jours en famille recomposée sont évidemment assez peu "happy", il faut dire aussi que la barque est des plus chargée : Lynn névrosée et vindicative, Alice adepte de l'auto-mutilation, le grand-père cardiaque et Alzheimer, Ben légèrement autiste et Elliot, 17 ans toxicomane. Tout se craquelle. Ce qui aurait dû être une fête joyeuse se transforme en un gigantesque règlement de compte où tous les coups sont permis.
La mise en scène de Sam Levinson est foisonnante et ambitieuse. Il décortique avec rage et finesse les rouages de la déconstruction de la middle class américaine, démontrant au passage une acuité et une lucidité inversement proportionnelle à son jeune âge. La photographie est simple mais belle lorsqu'elle vient célébrer la victoire de la nature sur la folie des hommes...
A partir d'un simple mariage, cette étude sociologique d'une famille où la grande majorité des membres est atteinte de sérieuses névroses, est assez terrible en soi. La prouesse de ce film choral est de faire exister chacun des nombreux personnages. Tout ce petit monde se croise et se meurtrit à coups de phrases assassines reposant sur des souvenirs du passé, ce passé mort à tout jamais et que rien en pourra jamais faire revivre. Evidemment, les réunions de famille et, mieux encore, les mariages, sont pain béni pour écrire des scénarios cinglants à base de règlements de compte dans des familles dysfonctionnelles, à grands coups de dialogues vachards assénés de préférence sous la ceinture. L'humour, pourtant omniprésent y est noir et désespéré. Les dialogues font preuve d'une cruauté féroce et les règlements de compte font froids dans le dos. Les répliques sanglantes fusent et tout le monde en prend pour son grade. Sous sa plume, d'une grande justesse, incisive et douce à la fois, l'expression « on ne choisit pas sa famille » semble être réinventée.
Ezra Miller est vraiment époustouflant. Son regard est une nouvelle fois des plus troublants dans ce rôle d'ado un poil dérangé (ou finalement le plus lucide ?). Il campe le personnage le plus fascinant du film, car le plus difficile à cerner, entre son impression de se foutre de tout et son addiction à se foutre en l'air. L'acteur se hisse largement au-dessus de la mêlée. Il confirme qu'il est dans la veine des futurs grands. Après son interprétation magistrale de We need to talk about Kevin, il nous prouve qu'il a déjà plusieurs cordes à son arc. Ellen Barkin est assez touchante dans son rôle de mère paumée, blessée par les épreuves de la vie et par une famille qui n'est plus vraiment la sienne. On ne reste pas insensible. On redécouvre Demi Moore, surprenante en belle mère trop lisse et trop parfaite pour être vraie. Elle campe une marâtre salope très convaincante. Son meilleur rôle depuis longtemps. Thomas Haden Church est très touchant en père absent
Le premier film de Sam Levinson est une œuvre sincère et dure, mettant en scène une société américaine arrivée au bout d'elle-même et incapable de se remettre en question pour retrouver grâce et dignité. Un arrière goût de Festen à la sauce américaine du 21ème siècle. Robert Altman a trouvé son successeur.
Fiche Technique
Genre : Comédie
Nationalité : Américaine
Réalisation : Sam Levinson
Interprètes : Ellen Barkin, Ezra Miller, Kate Bosworth, Demi Moore, Thomas Haden Church, George Kennedy, Ellen Burstyn, Michael Nardelli, Daniel Yelsky, Eamon O'Rourke, Jeffrey DeMunn, Siobhan Fallon, Diana Scarwid, Lauren Maddox, Patrick McDade, Willy Vlasic, Laura Coover, Lola Kirke, Christopher Lee Philips, Sean Rogers, Geoffrey Beauchamp, Molly Sute, Kathi Moore et David Hirsch
Durée : 115 minutes
Année de production : 2011
Attachées de presse : Laurence Granec et Karine Ménard
Date de sortie : 1 février 2012
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