Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Oslo, 31 août, le 29 février 2012 au cinéma ***

Oslo, 31 août, le 29 février 2012 au cinéma 0

Oslo, 31 août de Joachim Trier

Synopsis


C'est le dernier jour de l'été et Anders, en fin de cure de désintoxication, se rend en ville le temps d'une journée pour un entretien d'embauche.
L'occasion d'un bilan sur les opportunités manquées, les rêves de jeunesse envolés, et, peut-être, l'espoir d'un nouveau départ...

L'Avis de Thibault

Cette année, il semble que le centre de gravité de la cinéphilie pourrait bien se déplacer vers le nord, avec Oslo, 31 août.

Inspiré du roman de Pierre Drieu La Rochelle édité en 1931 Le Feu Follet, Joachim Trier signe ici son deuxième long-métrage après Nouvelle Donne. En 1963, Louis Malle avait déjà réalisé une adaptation avec Maurice Ronet. Voici à présent la version norvégienne, choc esthétique de première ampleur, présenté en compétition officielle au Festival de Cannes 2011, dans la catégorie "Un certain regard".

Oslo, 31 août : un titre qui place l'action dans l'espace et dans le temps. Le film se présente comme un parcours initiatique, celui d'Anders, en fin de cure de désintoxication, qui bénéficie d'une journée de sortie pour se rendre à un entretien d'embauche. Issu d'une classe sociale privilégiée, Anders n'a cependant pas échappé à la tentation de certaines substances illicites. A l'approche de la fin de sa cure, désormais trentenaire et sans véritable point d'appui, Anders, dont le destin va se profiler en cette fin d'été norvégien le temps d'une journée complète, se verra confronter aux fantômes de son passé, ceux qu'il reverra et ceux qui l'éviteront. C'est donc à travers un drame introspectif très pesant que va se construire cette rude épreuve qu'est le retour en ville, sa tentative de recommencement et de rédemption.

Un petit côté Boy A pour le thème difficile de la réinsertion. Ce n'est pas la descente aux enfers progressive dans la drogue, c'est la tentative de sortie qui est filmée. Le réalisateur, en abordant le sujet délicat de la drogue, a choisi de ne pas nous montrer les aspects sordides de cette dérivation de la réalité.

La mise en scène ne cherche pas à en faire trop, la caméra est juste là où il faut, quand il faut.
Toujours au plus près de son personnage, elle reflète bien les tourments intérieurs d'Anders. On ne peut qu'être admiratif devant l'élégance de la caméra, très fluide, sensuelle, toujours en mouvement, qui suit pendant 24 heures environ l'errance dans Oslo d'un jeune junkie. Le réalisateur parvient à dépasser la contingence de sa trame narrative pour se muer en une réflexion globale sur la condition humaine. Si l'intrigue est minimaliste, le film parvient à installer une tension par le biais d'une question lancinante : Anders replongera-t-il ? La voix off vient ajouter au sentiment de culpabilisation qu'Anders s'inflige face à sa propre déroute.

La scène du restaurant est exceptionnelle, quand Anders perçoit le fourmillement de la vie autour de lui tout en restant observateur décalé et étranger aux enthousiasmes, aux rires, aux espoirs qui s'expriment dans le blabla qui l'entoure... Il devient poreux aux conversations légères et futiles des clients qui l'entourent. Le réalisateur nous offre des moments de grâce à couper le souffle dont la plus belle scène, une déambulation à vélo dans la ville en pleine nuit.

Le magnétique Anders Danielsen Lie est tout aussi étonnant de justesse. A fleur de peau, déstabilisé, touchant, il maîtrise l'art des émotions avec maestria et porte magnifiquement ce film.

Avec l'habileté d'un Gus Van Sant, Joachim Trier s'empare de sa caméra pour dépeindre le quotidien d'une jeunesse désoeuvrée, perdue. Une plongée saisissante dans la vie d'un ex toxicomane qui essaye de reprendre goût à la vie. Film magnifique sur l'inaptitude à vivre. Resserré et ténu, Oslo, 31 août a quelque chose d'hypnotique et de terriblement empathique pour son personnage.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Norvégiene

Réalisation : Joachim Trier

Interprètes : Anders Danielsen Lie, Hans Olav Brenner, Ingrid Olava, Øystein Røger, Tone Beate Mostraum, Kjærsti Odden Skjeldal, Johanne Kjellevik Ledang, Petter Width Kristiansen, Renate Reinsve, Anders Borchgrevink, Andreas Braaten, Malin Crépin, Emil Lund et Aksel Thanke

Durée : 96 minutes

Année de production : 2011

Attachés de presse : Matilde Incerti et Jérémie Charnier

Titre original : Oslo, 31. August

Date de sortie : 29 février 2012

Vous devriez aussi aimer : Into the Wild, Shame ...
  


13/03/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 18 autres membres