Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Black Swan, le 29 juin 2011 en DVD ****

Black Swan, le 9 février au cinéma ****

Black Swan de Darren Aronofsky

Synopsis


Rivalités dans la troupe du New York City Ballet. Nina est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes que dirige l'ambigu Thomas. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily...

L'Avis de Thibault

Après avoir exploré le monde des toxicomanes (Requiem for a Dream), d'avoir suivi sur le ring un catcheur vieillissant (The Wrestler), Darren Aronofsky signe un thriller psychologique à la limite du fantastique. Il revient en 2010 avec un cinquième film en adaptant une version moderne du Lac des Cygnes de Tchaïkovski.

Black Swan raconte une histoire déroutante où s'entremêlent réalité et imaginaire. Une jeune danseuse membre du New York City Ballet, Nina, se donne corps et âme pour la danse et pour son rôle de soliste dans la nouvelle production de la compagnie, Le Lac des Cygnes. Elle se retrouve confrontée à une rivale de taille, à des pulsions charnelles avec son directeur, à un envahissement étouffant de sa mère mais surtout à son imaginaire.

Le film débute sur une scène des plus magnifiques qui met tout de suite dans l'ambiance. Au début, Nina est une femme très réservée, travaillant sans relâche, appliquée et beaucoup trop conciliante avec son entourage. Trop fragile, trop gentille, la petite fille modèle qui ne pense qu'à une chose : atteindre le sommet de son art et briller sur scène. Mais son chorégraphe lui apprend qu'elle va devoir se lâcher, car le fait de vouloir être trop parfaite l'empêche justement d'interpréter la subtilité du double rôle Cygne Blanc/Cygne Noir. Ce changement va se faire par l'éveil sexuel mais pas seulement. Elle va devoir apprendre à dominer les autres, à contrôler sa vie plutôt que de la subir et de se soumettre à l'autorité.

C'est là que commence la trame intellectuelle du film, celle du double, du deux, qui traverse tout le film d'une manière assez magistrale. D'abord le thème du miroir : Nina, comme tous les danseurs et danseuses, vit dans un monde de miroirs, de reflets. Dans le dédoublement perpétuel d'elle-même. A force de voir son double, elle s'échappe à elle-même ; à force de se comprendre comme reflet, elle se perd comme réalité ; à force de se vivre comme image, l'image prend vie à sa place. Tout s'échange : identité, conscience, raison, ange blanc, tout devient, au travers du miroir, dispersion d'identité, plongée dans l'inconscient, pure folie, ange noir. La relation entre mère et fille est étrange, puisque Nina est toujours considérée comme une gamine de 12 ans, chose qu'elle subit constamment sans rien dire, jusqu'au réveil de son double maléfique. Cette évolution se voit clairement au cours du film, par le biais des blessures aux doigts, aux orteils, et surtout dans le dos de la jeune femme qui tente les cacher et de les refouler, certainement par peur de devenir quelqu'un d'autre, de se transformer en Black Swan.

Darren Aronofsky nous offre un film hypnotique, envoûtant et fusionnel avec une mise en scène juste et intelligente sur un sujet délicat - les peurs humaines, la perfection en tous points et le dédoublement de la personnalité (torture psychologique et corporelle, recherche de soi sur fond de contrastes entre le blanc et le noir, le bien et le mal, la lumière et l'ombre, la raison et la folie ...). Pour la seconde fois, Darren Aronofsky s'intéresse au corps et à ses souffrances. Tout comme le corps malmené de Mickey Rourke dans The Wrestler, celui de Natalie Portman semble parfois exulter. La mise en forme dans le film, la création artistique, c'est-à-dire le ballet de Tchaïkovski, ne prend sens que sur le point d'une disparition de soi. L'absolu et la perfection coûtent la vie...

La prestation de Natalie Portman est extraordinaire, elle joue et danse avec beaucoup de grâce et de finesse. La question de l'oscar ne se pose même pas... Tellement intense, à la fois sombre et immaculée, elle nous transmet tellement d'émotions au travers de ses succès, ses échecs et ses craintes. Il y'a un peu de Catherine Deneuve dans Repulsion ou de Myléne Jampanoï dans Martyrs.
L'actrice trouve le rôle de sa vie : belle, fragile, vraie. Vincent Cassel incarne à la perfection un directeur artistique aussi exigeant qu'intrigant. Il tient son rôle de main de maitre. Mila Kunis, bien loin de That '70s Show éblouit de son naturel pervers et sensuel, véritable opposé de notre héroïne. Elle est très crédible, avec un naturel incroyable. Par son ambiguïté de jalousie maternelle, Barbara Hershey est terrifiante dans le rôle de la mère castratrice, possessive, couveuse à l'extrême, retenant prisonnière sa fille de 28 ans dans un monde strict et rose bonbon. Et Winona Ryder, bien que discrète marque la mémoire.

S'ajoute à ça une bande son presque transcendante, couplée à une photographie et un jeu de lumière remarquable.

Un personnage digne de la Tragédie rongée par la passion et la rivalité qu'il oppose à son subconscient, imagé avec beaucoup de grâce et de froideur par le metteur en scène. Un traitement fascinant sur le thème de la paranoïa, la frustration sexuelle et la schizophrénie.

Fiche Technique

Genre : Thriller

Nationalité : Américaine

Réalisation : Darren Aronofsky

Interprètes : Natalie Portman, Mila Kunis, Vincent Cassel, Winona Ryder, Barbara Hershey, Sebastian Stan, Janet Montgomery, Toby Hemingway, Kristina Anapau, Ksenia Solo, Christopher Gartin, Marcia Jean Kurtz, Deborah Offner, Adriene Couvillion, Shaun O'Hagan, Marty Krzywonos, Leslie Lyles, John Epperson, Arkadiy Figlin, Timothy Fain, Sarah Lane, Liam Flaherty, Patrick Heusinger, Marina Stavitskaya, Olga Kostritzky, Christine Redpath, Alexandra Damiani, Rebecca Azenberg, Laura Bowman, Holly L. Fusco, Abigail Mentzer, Lillian di Piazza, Megan Dickinson, Jessy Hendrickson, Geneviève Lebean, Gina Artese, Rachel Jambois, Ryoko Sadoshima, Kaia A. Tack, Lauren Fadeley, Sarah Hay, Adrianna de Svastich, Jamie Wolf, Carrie Lee Riggins et Benjamin Millepied

Durée : 103 minutes

Année de production : 2010

Attaché de presse : Michel Burstein

Date de sortie : 9 février 2011
  
 


11/02/2011
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