Le cinéma de Thibault

Le deuxième souffle d'Alain Corneau

Synopsis

1958. Gu, célèbre et dangereux gangster condamné à vie, s'évade de prison. Traqué par la police, il veut s'enfuir à l'étranger avec Manouche, la femme qu'il aime. Ayant besoin d'argent, il accepte de participer à un dernier hold-up.
Grâce à lui, le coup est une réussite. Mais, victime d'une machination montée par la police, Gu passe pour un donneur et un traître aux yeux de ses complices. Pour laver son honneur, Gu prendra tous les risques...

L'Avis de Thibault

Alain Corneau revient au policier après l'échec du Cousin avec une adaptation du chef-d'œuvre de Jean-Pierre Melville, Le deuxième souffle, d'après le roman homonyme de José Giovanni. C'est l'évènement cinématographique de cette fin d'année qui prouve qu'on peut avoir deux visions différentes d'une même histoire.

On est au centre d'une grande tragédie lié au code de l'honneur, à la parole donnée.
C'est le retour du très bon polar qui s'inscrit dans une tradition de film français qu'on avait pas vu depuis longtemps comme Le choix des armes ou Le cercle rouge avec des comédiens aux gueules atypiques. Corneau livre un film noir excellent, jouant sur le clair-obscur, et le rouge et vert intense. Il utilise la nouvelle technologie, en sophistiquant à son paroxysme les techniques du cinéma pour en tirer le plus visible contraire esthétique de son prédécesseur. C'est un vrai plaisir pour les yeux et l'interprétation est savoureuse. Chacun des acteurs trouve une place de choix.

Daniel Auteuil s'en sort dans le défi de reprendre le rôle de Lino Ventura. Jacques Dutronc a toujours la classe d'un gentleman cambrioleur est tout aussi honorable dans son jeu. Michel Blanc est impressionnant en flic opiniâtre mais pas immoral. Son personnage est plus développé que chez Melville. Il a quelques fêlures, ce qui explique son comportement. A noter que le rôle de Blot était prévu au départ pour Fabrice Luchini avant qu'il ne se désiste. Daniel Duval est impeccable sans oublier Eric Cantona. Nicolas Duvauchelle atteint une belle maturité dans l'expression, Gilbert Melki est irrésistible et sobre. En revanche Monica Bellucci prouve une fois de plus qu'elle est probablement la plus mauvaise actrice de sa génération. Ses attitudes, sa voie, son accent sont insupportables. Elle rend son personnage antipathique et continue de briller par son jeu insipide.

La photographie d'Yves Angelo est sublime et soignée et fait penser à celle de Tetsuo Nagata de la chambre des officiers ou celle des films de Wong Kar-Wai. Les scènes d'actions nous coupent le souffle. La musique de Bruno Coulais est splendide. Elle nous accroche de la première image à la dernière tel un opéra.

Philippe Nahon (Calvaire), Jacques Bonnaffé (Lemming), Jean-Paul Bonnaire (Les choristes)
Gérald Laroche (Fanfan la tulipe) et Francis Renauld (Anna M) complètent le casting.

Le Deuxième souffle est un bel hommage au polar des années 60 avec des acteurs de grand talent. Le film a été présenté en ouverture de la deuxième édition du Festival de cinéma de Rome et au Festival de Toronto.

Fiche technique

Genre : Policier

Réalisation : Alain Corneau

Casting : Daniel Auteuil, Monica Bellucci, Michel Blanc, Jacques Dutronc, Eric Cantona, Gilbert Melki, Daniel Duval, Nicolas Duvauchelle, Philippe Nahon, Jacques Bonnaffé, Jean-Paul Bonnaire, Jean-Claude Dauphin, Albert Goldberg, Yves Lambrecht, Gérald Laroche, Sandra Moreno et Virginie Théron

Durée : 156 minutes

Nationalité : Française

Année de production : 2007

Date de sortie : 24 Octobre 2007

Budget : 23 600 000 euros

N° de visa : 116076

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