La Princesse de Montpensier, le 8 mars en DVD ***
La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier
Synopsis
1562, la France est sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage...
Depuis son plus jeune âge, Marie de Mézières aime Henri, Duc de Guise. Elle est contrainte par son père d'épouser le Prince de Montpensier. Son mari, appelé par Charles IX à rejoindre les princes dans leur guerre contre les protestants, la laisse en compagnie de son précepteur, le Comte de Chabannes, loin du monde, au château de Champigny.
Elle tente en vain d'y oublier sa passion pour Guise, mais devient malgré elle l'enjeu de passions rivales et violentes auxquelles vient aussi se mêler le Duc d'Anjou, futur Henri III.
L'Avis de Thibault
De retour du bayou de La Nouvelle-Orléans où il s'était fondu avec réussite Dans la brume électrique, Bertrand Tavernier avait ressenti l'envie de raconter une histoire d'amour lyrique et ample et l'envie viscérale de se plonger dans un film profondément français, par le traitement des sentiments et le rapport à l'Histoire. Bertrand Tavernier est un familier des films d'époque. Ainsi, Que la fête commence est situé en 1719, Le Juge et l'Assassin en 1893, La Fille de d'Artagnan en 1654, et La Princesse de Montpensier en 1562.
Présenté au Festival de Cannes, Bertrand Tavernier parvient habilement à donner de la chair et de l'émotion au roman plutôt froid et distancié de Madame de Lafayette. Il ne néglige aucun détail et s'appuie sur une photo magnifique, le réalisateur ne cherche jamais l'effet facile et le classicisme de sa mise en scène lui permet de privilégier une narration ou s'équilibrent morceaux de bravoure et intimisme subtil. Sa réalisation se situe à mi-chemin entre l'enluminure un peu figée de La Princesse de Clèves et la violence hallucinée de la Reine Margot de Patrice Chéreau. La mise en scène est soignée : sobre mais efficace. Et les quelques scènes de batailles sont merveilleusement bien chorégraphiées. La texture des magnifiques costumes de Caroline de Vivaise, capte les sentiments à travers la lumière.
Le scénario est habilement construit. Il devient extrêmement riche, alternant, avec une belle maitrise les moments d'humour et de gravité, de cynisme moral et de légèreté de ton. Sur fond de guerre de religion et d'intrigues de cour, cette histoire d'amour passionnel contrarié par la politique et le statut peu enviable de la femme à cette époque, prend une résonance intemporelle. Les dialogues, écrits avec Monsieur Jean Cosmos (Le bossu et autre Fille de d'Artagnan), sont admirablement ciselés. Très souvent, ça ne parle que de sensualité, de désir, de sexe, de liberté et de séduction sans y adosser des engagements lourds. La rivalité amoureuse est omniprésente comme dans la réplique du Duc d'Anjou au Duc de Guise : « Vous passez les bornes Guise. Un jour s'il m'est permis, vous paierez de votre vie ces deux outrages ». Quand on sait que le futur Henri III assassina Guise à Blois le 23 décembre 1588.
Sa direction d'acteur très réaliste est toujours présente, et il est bien aidé par la fine fleur du jeune cinéma français associée à des valeurs sûrs. Mélanie Thierry, charmante, s'en sort très bien en insoumise Marie de Montpensier. Depuis un certain temps, l'actrice incarne des rôles plus intéressants comme dans Le dernier pour la route sa carrière s'en ressent. Lambert Wilson dans le rôle du loyal Chabannes, guerrier philosophe, est parfait comme toujours. Décidément, après Des hommes et des dieux, l'année est très bonne pour lui : deux très beaux rôles. Gaspard Ulliel dans le rôle du sauvage et fougueux Duc de Guise, est d'un charisme incroyable. Grégoire Leprince-Ringuet dans le rôle du possessif Prince de Montpensier, est plus en retrait mais le rôle le veut. Pour l'acteur, il s'agit de la deuxième adaptation de Madame de La Fayette, deux ans après La belle personne que Christophe Honoré avait construit d'après La Princesse de Clèves. Déjà à l'affiche des Invités de mon père d'Anne Le Ny, Raphaël Personnaz illumine le film avec le rôle magnifique du manipulateur Duc d'Anjou, complexe, fort et émouvant dans sa confession à Marie. L'acteur se sert parfaitement du texte pour donner une belle dimension à son personnage. Il montre le futur Henri III sous un jour bien plus proche de la réalité. Porté avec grâce par un acteur inspiré et subtil : la révélation. On regrette simplement de ne pas le voir davantage.
Ce chassé-croisé amoureux entre quatre hommes et la princesse de Montpensier sous fond de guerre de religions est une réussite.
Fiche Technique
Genre : Historique , Drame , Romance
Nationalité : Française
Réalisation : Bertrand Tavernier
Interprètes : Mélanie Thierry, Lambert Wilson, Grégoire Leprince-Ringuet, Gaspard Ulliel, Raphaël Personnaz, Michel Vuillermoz, Anatole De Bodinat, Eric Rulliat, Samuel Théis, Judith Chemla, Philippe Magnan, César Domboy, Jean-Pol Dubois et Florence Thomassin
Durée : 139 minutes
Année de production : 2010
Attachés de presse : Dominique Segall et Grégory Malheiro
Date de sortie : 3 novembre 2010
A découvrir aussi
- Des hommes et des dieux, le 23 février 2011 en DVD ****
- Rien à déclarer, le 15 juin 2011 en DVD **
- La Piel que Habito, le 17 décembre 2011 en DVD ****
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 28 autres membres