La Mer à boire, le 22 février 2012 au cinéma ***
La Mer à boire de Jacques Maillot
Synopsis
Georges, un patron de chantier naval, est lâché par sa banque. Il devra se battre jusqu’au bout pour tenter de sauver l’entreprise qu’il a passé sa vie à construire.
L'Avis de Thibault
Après un excellent polar Les liens du sang, Jacques Maillot revient avec ce drame social. En s’inspirant du Mado de Claude Sautet, La Mer à boire cherche à dépeindre une réalité patronale.
Désireux de mettre en scène la descente aux enfers d'un petit patron, Jacques Maillot décide de s'aventurer dans l'univers des chantiers navals à la suite d'une lecture d'un tragique fait divers présent dans le journal : le patron d’un petit chantier naval à La Rochelle s’est suicidé.
Georges Pierret est le patron d’une société de construction de bateaux de luxe que la crise financière et la frilosité bancaire mettent peu à peu en péril. Si la clientèle et le milieu sont fortunés, la masse salariale est bel et bien prolétaire. La conjoncture économique lui impose des compromis auxquels même lui doit malheureusement se plier. C'est la mer à déboires.
La réalisation de Jacques Maillot nous offre une belle analyse de nos maux économiques actuels, du fossé qui sépare économie réelle et virtuelle. Le cinéaste des Liens du sang se penche avec une âpreté sur la destinée de cet homme et de son entreprise. Il n'emprunte aucun détour larmoyant et pose un regard d'une franche sobriété sur la situation, les doutes, les colères et les angoisses de chacun de ses personnages, ce qui nous plonge dans la violence d'une réalité sociale de plus en plus rude. Avec Pierre Chosson, son coscénariste, Jacques Maillot déforme aussi la réalité à travers toute une gamme de personnages très manichéens : le gentil patron, les méchants banquiers, les gentils délégués syndicaux, le méchant concurrent…
Les séquences retraçant la mauvaise passe et la détérioration des rapports avec le personnel qui s’ensuit restituent plutôt bien le climat délétère et la méfiance qui s’installent. Tout sonne à peu près juste au départ : les relations avec la banque, l'avidité de la concurrence, le poids des actionnaires, la volonté du patron de se battre contre vents et marées pour la pérennité de sa boîte et le maintien des emplois. Certaines de ces sorties de terrain sont là pour faire passer le temps, telles que cette romance improbable conclue à Moscou entre le dessert et le café et passionnément entretenue quelques mois. Au creux de la tempête, l’épisode sentimental à Moscou est hors sujet. D’autres reviennent périodiquement, comme cette compagne défunte qui revient comme un fantôme ou réapparait dans ses souvenirs, souvent nue.
Le peu d’engagement de Jacques Maillot sur les personnages qu’il installe se trahit dans la façon agaçante qu’il a de constamment les abandonner. Les ouvriers menacés de licenciement se révoltent, résistent, se battent, et quand ils perdent finalement leur combat, il n’est tout simplement plus question de s’intéresser à eux ; ils n’existent plus. Le récit abandonne sans état d'âme des personnages secondaires à leur triste sort. Certains personnages méritaient d'être plus étoffés.
Les acteurs sont parfaits notamment Daniel Auteuil qui porte ce film à lui seul. Il excelle dans cet exercice où il est entre l'homme au bord de la crise de nerf et celui au bord de la crise de larmes. Carole Franck est parfaite dans le rôle de la secrétaire. L'acteur Alain Beigel, déjà présent au casting des Liens du sang, retrouve ici son réalisateur fétiche.
A l'instar de Robert Guédiguian avec ses Neiges du Kilimandjaro et de Jean-Marc Moutout avec De bon matin, Jacques Maillot réalise ici un drame social dans l'air du temps. Un drame épique très contemporain servi par une réalisation lumineuse.
Fiche Technique
Genre : Comédie dramatique
Nationalité : Française
Réalisation : Jacques Maillot
Interprètes : Daniel Auteuil, Maud Wyler, Yann Tregouët, Alain Beigel, Moussa Maaskri, Patrick Bonnel, Carole Franck, Marc Chapiteau, Xenia Buravsky, Guillaume Marquet, Lydia Andreï, Michel Voïta, Tony Mpoudja, Eric Bonicatto, Olivier Perrier et Geneviève Mnich
Durée : 98 minutes
Année de production : 2012
Attachés de presse : Laurent Renard et Leslie Ricci
Date de sortie : 22 février 2012
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