Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Cheval de guerre, le 22 février 2012 au cinéma ****

Cheval de guerre, le 22 février 2012 au cinéma ****

Cheval de guerre de Steven Spielberg

Synopsis


De la magnifique campagne anglaise aux contrées d’une Europe plongée en pleine Première Guerre Mondiale, "Cheval de guerre" raconte l’amitié exceptionnelle qui unit un jeune homme, Albert, et le cheval qu’il a dressé, Joey. Séparés aux premières heures du conflit, l’histoire suit l’extraordinaire périple du cheval alors que de son côté Albert va tout faire pour le retrouver. Joey, animal hors du commun, va changer la vie de tous ceux dont il croisera la route : soldats de la cavalerie britannique, combattants allemands, et même un fermier français et sa petite-fille…

L'Avis de Thibault

Apres son Tintin, le maître Spielberg revient seulement 4 mois plus tard avec une histoire plus classique, rappelant ses films des années 80. S'il a déjà réalisé plusieurs films sur la Seconde Guerre mondiale (La Liste de Schindler, Il faut sauver le soldat Ryan, 1941, L'Empire du soleil), il ne s'était encore jamais penché sur la Première Guerre. La première guerre mondiale... Oui, mais à travers le parcours héroïque d'un cheval.

Cheval de Guerre, adapté d'un roman de Michael Morpurgo, est l'histoire d'un cheval Joey. Après avoir été arraché à son jeune maître, le cheval passe de mains en mains, de camps en camps, changeant de nom au gré de ses nouveaux propriétaires. Le cheval se retrouvera donc au front, où il découvrira les horreurs de la guerre. On suit avec plaisir les mésaventures de ce cheval, éprouvé par la vie et les hommes.

La guerre est narrée du point de vue du cheval, exposant ainsi différentes facettes de l'humanité en temps de guerre. Guerre d'une violence suggérée, il n'y a qu'à regarder le découpage pour en comprendre le sens et l'impact émotionnel. Le cheval rapproche les hommes, amplifie un amour, révèle un humanisme derrière une discipline de fer et rapproche des adversaires qui finissent par se respecter.

Plus le film avance et plus le récit devient intense et bouleversant, Spielberg combinant grandeur et déchéance de l'homme dans des scènes d'une fabuleuse humanité qui montre que le bon sens peut tout de même se manifester en temps de guerre. Le summum de l'intensité est atteint durant la scène de fin. Pas de mots, un soleil couchant qui diffuse une lumière dorée magistrale et enfin le retour au point de départ, comme l'accomplissement d'une quête, d'une lutte acharnée pour la survie et bien sur le refus de l'abandon de l'autre. Car c'est bien là la thématique principale de ce Cheval de guerre, le refus de l'abandon, le dévouement complet à l'autre. Le final est bluffant et touchant dans les retrouvailles des sentiments humains, piétinés et mal traités par tant d'horreur. C'est dans des scènes vibrantes de suspense, comme celle du no man's land et d'émotion, les retrouvailles tortueuses entre l'homme et le cheval que le film confine au talent.

Entre onirisme et réalisme, Steven Spielberg nous transporte au cœur des tranchées. Steven Spielberg filme toujours la guerre de façon brutale et spectaculaire mais sans la violence graphique et explicite d'un Soldat Ryan a telle point qu'on a du mal voir la moindre trace de sang ou blessure dans le film, excepté sur Joey et Albert comme pour renforcer et souligner la souffrance aussi bien physique que morale des deux. Il trouve même le moyen ingénieux de censurer l'exécution des deux frères déserteurs par le mouvement en alternance des ailes du moulin contrairement aux exécutions brutes dans La liste de Schindler, une façon d'adoucir l'image pour de spectateurs de tous âges.

La mise en scène rappelle les films d'époque de l'âge d'or et d'une technique que l'on ne retrouve que dans peu de métrages. De ce fait, il y'a une scène dans le film où le travail de la mère qui tricote et celui de son fils Albert travaillant la terre avec Joey, sont mise en parallèle via une scène de transition totalement au service de la narration. Spielberg filme la campagne anglaise comme John Ford filmait le désert du grand ouest, tout en plan large, et va même jusqu'à recopier le jeu de couleurs des décors et costumes. La photographie de Janusz Kaminski est de toute beauté. Certains plans ont l'air d'être de véritables tableaux. John Williams compose une nouvelle fois une bande son mélancolique comme nous n'avons pas vu depuis Arrête-moi si tu peux. Elle retrouve un élan frissonnant aux accents wagnériens, qui mêle l'intime au spectaculaire.

Cet équidé dressé à la perfection est plus important que les acteurs eux-mêmes. Si le cheval assure le spectacle, les acteurs ne sont pas à oublier. Certes ils ne font que passer mais Spielberg leur donne de l'épaisseur afin de créer des personnages humains et dont la sympathie permet de très vite s'attacher à eux. Emily Watson et Niels Arestrup sont justes, touchants et habités. Pour incarner le héros du film, Albert, Steven Spielberg souhaitait trouver un jeune acteur inconnu du public. Jeremy Irvine, 20 ans, est l'heureux élu. Il est très touchant. Composé de Peter Mullan, David Thewlis, Tom Hiddleston, Benedict Cumberbatch et Tobby Kebbell, le reste du casting est bon.

Le cinéma d'émotion n'est pas encore mort. Spielberg est toujours là, prêt à nous émouvoir, nous faire réfléchir, à nous faire remettre en question, mais toujours avec humilité... Fresque romanesque sur fond d'Histoire, Cheval de guerre est une adaptation épique et spectaculaire, du roman de Michael Morpurgo sur le destin des chevaux dans cette bataille ô combien mortelle.

Fiche Technique

Genre : Drame, Historique, Guerre

Nationalité : Américaine

Réalisation : Steven Spielberg

Interprètes : Jeremy Irvine, Emily Watson, Peter Mullan, David Thewlis, Niels Arestrup, Tom Hiddleston, Benedict Cumberbatch, Toby Kebbell, Celine Buckens, Rainer Bock, Patrick Kennedy, Geoff Bell, Leonard Carow, Robert Emms, David Kross, Matt Milne, David Dencik, Nicolas Bro, Johnny Harris, Pip Torrens et Sarah Jane O'Neill

Durée : 147 minutes

Année de production : 2011

A partir de 10 ans

Titre original : War Horse

Attachées de presse : Michèle Abitbol-Lasry et Séverine Lajarrige

Date de sortie : 22 février 2012

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28/02/2012
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