Cloclo, le 14 mars 2012 au cinéma ****
Cloclo de Florent Emilio Siri
Synopsis
Cloclo, c'est le destin tragique d'une icône de la chanson française décédée à l'âge de 39 ans, qui plus de trente ans après sa disparition continue de fasciner. Star adulée et business man, bête de scène et pro du marketing avant l'heure, machine à tubes et patron de presse, mais aussi père de famille et homme à femmes...
Cloclo ou le portrait d'un homme complexe, multiple ; toujours pressé, profondément moderne et prêt à tout pour se faire aimer.
L'Avis de Thibault
Le cinéma français s'est lui aussi mis à la mode du biopic, à l'image du cinéma américain. Ainsi, après Edith Piaf ou Serge Gainsbourg et avant Yves Montand avec Thierry Neuvic et Céline Salette, voici donc Claude François. Aux commandes de cet énième biopic , la présence de Florent-Emilio Siri ne nous surprend guère, tant l'homme n'a cessé de se renouveler.
Ce projet de biopic est né en 1999 sous l'impulsion d'Antoine de Caunes, qui pensait déjà à l'époque que le rôle de Claude Francois était taillé sur mesure pour Jérémie Renier, alors inconnu du public. Le fils du chanteur, Claude François Junior, avait dans un premier temps accepté de produire le projet avant de s'engager sur Podium de Yann Moix. Il aura donc fallu attendre 13 ans avant que le biopic sur Cloclo ne voie le jour.
Il ne faut pas être fan de Claude François pour apprécier le film Cloclo. Le film dresse un portait honnête de cet artiste aux multiples facettes, pros du marketing mais aussi tyrannique et détestable. Derrière l'artiste, on trouve notamment un homme perturbé, en proie à d'innombrables tourments. Rejeté par son père, victime de son amour pour les femmes et craignant plus que tout l'échec, sa vie n'a jamais été simple. Florent-Emilio Siri et de son co-auteur Julien Rappeneau (Bon voyage, 36 Quai des Orfèvres, Largo Winch...) ne se privent d'aucune modération. Claude François nous est présenté tel qu'il a été, jaloux, possessif, colérique à l'égo surdimensionné... ce qui ne gâche en rien la sympathie que l'on peut éprouver à son égard. Par cette souffrance perpétuelle et la complexité qui en découle, le mythe redevient humain et donc touchant. En fait, résumer une vie en 2h30 ne doit pas être évident. Les deux auteurs ont su choisir les moments-clefs liés au parcours de ce personnage définitivement atypique. Le scénario est classique et linéaire mais assez complet.
Florent Emilio-Siri tient bon la barre et son énergie transparaît dans une mise en scène très fluide qui n'arrête jamais de nous surprendre. Les plans séquences sont maitrisés. Le montage est réussi. Le rythme du film est à l'image du personnage speed qu'était Claude François. Mais sa réalisation est aussi élégante et sobre avec un beau sens du détail. La scène de la douche, dont tout le monde connaît l'issue, se révèle haletante et sobre à la fois. Au gré de ses innombrables tubes, il ne loupe rien et orchestre une succession de climax sublimes. Quelques ellipses sont assez maladroites comme l'éloignement soudain de Paul Ledderman.
La prestation de Jérémie Rénier est habitée et intense. Sous un maquillage à peine visible, sans en faire trop, il est tout simplement juste et la ressemblance est confondante. Le réalisateur a su en jouer à bon escient mêlant avec intelligence des images d'archives du chanteur, tirées de la presse avec celles de Jérémie Rénier. Rarement la frontière entre un personnage et un acteur n'a été aussi ténue. La performance de l'acteur est impressionnante et devrait lui ouvrir les portes de la cérémonie des Césars en 2013. Il porte littéralement le film sur ses épaules. Joséphine Japy arrive à s'imposer dans le rôle de France Gall et à être touchante, bien meilleure que Sarah Forrestier dans le film de Joan Sfar. Elle est méconnaissable. On en dira autant du couple Monica Scattini et Marc Barbé incarnant avec une certaine émotion les parents de la vedette. Seul Benoit Magimel est ridicule avec ses multiples prothèses faciales. Son jeu n'est pas fin. Il en fait parfois un peu trop avec un faux accent pied-noir.
La musique originale d'Alexandre Desplat est noyée à l'intérieur des chansons de Claude François. La reconstitution, tant au niveau des décors de Philippe Chiffre de Monaco, Paris et l'Egypte, ceux des studios et de l'Olympia en particulier, des costumes de Mimi Lempicka et de l'hystérie collective que générait cet artiste sont ici parfaitement rendus.
Un excellent biopic à la française, qui évite l'hagiographie pour recréer toute la complexité d'un personnage aussi populaire que méprisable. Un film poignant et nostalgique ...
Fiche Technique
Genre : Biopic, Drame
Nationalité : Française
Réalisation : Florent Emilio Siri
Interprètes : Jérémie Renier, Benoît Magimel, Monica Scattini, Sabrina Seyvecou, Ana Girardot, Joséphine Japy, Maud Jurez, Marc Barbé, Eric Savin, Sophie Meister, Janicke Askevold, Edouard Giard, Jérémy Charbonnel, Robert Knepper, Alison Wheeler, Alban Aumard, Fleur Lise Heuet, Bruno Flender, Vives-Atsara Woodward, Idwar Iskandar, Thomas Jouannet, Bertrand Nadler, Laetitia Colombani, Bertrand Constant et Tom Dufour
Durée : 148 minutes
Année de production : 2012
Attachés de presse : Laurent Renard et Leslie Ricci
Date de sortie : 14 mars 2012
Vous devriez aussi aimer : Gainsbourg - (vie héroïque), Nowhere Boy ...
A découvrir aussi
- 38 témoins, le 14 mars 2012 au cinéma ***
- Hunger Games, le 21 mars 2012 au cinéma ***
- Les Adieux à la reine, le 21 mars 2012 au cinéma ****
Retour aux articles de la catégorie Films au cinéma Mars 2012 -
⨯
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 28 autres membres