L'Oncle Charles, le 21 mars 2012 au cinéma 0
L'Oncle Charles de Etienne Chatiliez
Synopsis
En Nouvelle-Zélande, un richissime homme d'affaires d'origine française, Charles Doumeng, voit basculer sa vie en apprenant qu'il est atteint d'une maladie incurable. Sexagénaire, sans famille ni héritier et n'ayant plus que quelques semaines à vivre, éprouvant un soudain regain d'affection, il se met à la recherche de sa sœur, qu'il n'a pas revue depuis cinquante ans, dans l'ouest de la France.
A Mauprivez, petit village de la région nantaise, Corinne, trente-cinq ans, clerc de notaire, gros besoin d'argent, tombe sur l'annonce que Charles a écrite pour retrouver sa sœur, et dont la récompense est énorme. Elle part à la recherche de cette inconnue, sans succès, et décide, avec l'aide de son entourage, de lui former une famille sur mesure...
La supercherie marche du tonnerre. A l'autre bout du monde, Charles est aux anges, heureux d'avoir enfin trouvé des héritiers. Mais la vie réserve des surprises et les bonnes nouvelles n'arrivent jamais seules... Charles a été victime d'une erreur de diagnostic, il n'a jamais été malade !
Fou de joie, il décide de venir en France pour rencontrer sa nouvelle famille.
Les emmerdes commencent...
L'Avis de Thibault
Les retrouvailles entre Étienne Chatiliez et la scénariste Florence Quentin, annonçaient des étincelles dans le ciel de la comédie française. Avec Etienne Chatiliez, tout est possible. Le meilleur comme le pire. Il prouve avec L'oncle Charles que son talent s'est définitivement éteint.
Quand Charles Doumeng, riche star du ballon ovale français expatrié en Nouvelle-Zélande, tombe malade, c'est dans son passé qu'il se replonge à la recherche de sa petite sœur abandonnée cinquante ans auparavant. Il poste une annonce sur internet. Par chance, le communiqué tombe en France dans les mains de Corinne, clerc de notaire sans scrupule attirée par la grosse récompense que propose Monsieur Doumeng. Au premier contact avec Charles, elle comprend qu'il cherche une famille pour mourir dans l'amour qu'il n'a jamais eu. Corinne ne trouvant pas la sœur du riche propriétaire, décide d'embarquer toute sa petite famille dans une aventure dont ils se souviendront. Ensemble, ils vont se mettre en scène et lui créer une famille sur mesure.
L'Oncle Charles semble témoigner d'une volonté de Chatiliez de revenir aux valeurs sûres : on y retrouve une famille Groseille de la France de 2012 (des prolos vaguement trash coincés dans un pavillon au bord de la Nationale) qui, appâtée par la fortune d'un vieux schnock richissime parti à la recherche d'une sœur perdue de vue depuis l'enfance, décide de monter une grosse arnaque pour toucher le jackpot. Le résumé du film apparaît comme un mélange des thématiques des premiers films du duo, mixant l'idée des fausses retrouvailles familiales du Bonheur est dans le pré avec le choc des classes sociales de La vie est un long fleuve tranquille. Le titre l'Oncle Charles faisant, quant à lui, écho à Tatie Danielle.
La plume de Florence Quentin laissait entrevoir une farce aussi drôle qu'incisive. L'Oncle Charles confirme que le déclin artistique de Chatiliez et de Quentin est dû à une panne d'inspiration partagée. Le duo Chatiliez / Quentin semble s'être perdu en route. L'idée de départ est bonne mais le scénario est dépourvu de rythme et de situations comiques, esquissant à peine le contour des personnages. Il aurait pu donner lieu à des situations cocasses. Les situations manquent de mordant. Les dialogues sonnent terriblement artificiels. Ils paraissent interminables et servent surtout à combler un manque terrible de situations. Les problèmes de chacun étant balayés au cours d'une conversation de quelques minutes entre Eddy Mitchell et Alexandra Lamy, avant de s'achever sur un happy-end totalement hors-sujet. Si La vie est un long fleuve tranquille ou Tatie Danielle fonctionnaient, c'est parce que le regard et le ton de Chatiliez et de sa complice scénariste Florence Quentin n'épargnaient rien ni personne, sans se départir d'une affection certaine pour les affreux, sales et méchants qu'ils mettaient en scène.
Question mise en scène, Etienne Chatiliez répond aux abonnés absents. A croire que tous les réalisateurs comiques français finissent toujours pas piquer un somme sur leurs lauriers, sans jamais tenter le moindre renouvellement.
Ses acteurs se divisent en deux clans : ceux qui surjouent et ceux qui s'en moquent. Le défilé de caricatures grotesques et cabotinage à chaque scène. Eddy Mitchell, peu crédible dans le rôle titre de l'oncle bougon et pleurnichard, sous-joue en se contentant de nous offrir le minimum syndical. Eddy n'y est pas. Alexandra Lamy, visiblement à la peine, était plus convaincante dans Les infidèles filmée par Emmanuelle Bercot. Valérie Bonneton est dans un registre qu'elle affectionne et connaît par cœur. Elle met en application le sur-jeu à la française. L'actrice en fait des tonnes mais, dans son enthousiasme communicatif, arrive à nous tirer facilement quelques sourires dans ce rôle de clerc de notaire fagotée comme une bigote tant elle appuie la caricature. Les acteurs font ce qu'ils peuvent pour nous intéresser mais rien n'y fait.
Le film, co-produite pour sa case en prime time par TF1, se contente de mixer des thèmes maintes fois abordés par son auteur (l'opposition riches/pauvres, la vieillesse, la famille, l'usurpation d'identité...), auxquels s'ajoute un rythme extraordinairement poussif. Le cinéaste a oublié de retirer ses charentaises avant de se caler derrière la caméra. Monsieur Chatilliez nous a habitué à tellement mieux, que l'on en sort déçu. Il n'est que l'ombre de lui même.
Fiche Technique
Genre : Comédie
Nationalité : Française
Réalisation : Etienne Chatiliez
Interprètes : Eddy Mitchell, Alexandra Lamy, Valérie Bonneton, Arnaud Ducret, Thomas Soliveres, Sophie de Fürst, Patrick Bouchitey et Florence Quentin
Durée : 98 minutes
Année de production : 2011
Attachée de presse : Michèle Sebbag
Date de sortie : 21 mars 2012
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