La Conquête, le 21 septembre 2011 en DVD ****
La Conquête de Xavier Durringer
Synopsis
6 mai 2007, second tour de l'élection présidentielle. Alors que les Français s'apprêtent à élire leur nouveau Président, Nicolas Sarkozy, sûr de sa victoire, reste cloîtré chez lui, en peignoir, sombre et abattu. Toute la journée, il cherche à joindre Cécilia qui le fuit. Les cinq années qui viennent de s'écouler défilent: elles racontent l'irrésistible ascension de Sarkozy, semée de coups tordus, de coups de gueule et d'affrontements en coulisse. La conquête : L'histoire d'un homme qui gagne le pouvoir et perd sa femme.
L'Avis de Thibault
La Conquête est présenté Hors Compétition au Festival de Cannes 2011. C'est une première que de faire un film de fiction est réalisé sur un président de la République encore dans l'exercice de ses fonctions. Produit par Eric et Nicolas Altmeyer, le film de Xavier Durringer retrace l'accession au pouvoir de Nicolas Sarkozy avec précision en abordant les grandes échéances.
Pour s'attaquer à la conquête du pouvoir de Sarkozy, l'équipe du film a décidé de conserver les noms des personnages impliqués. Si l'histoire est parcourue de faits réels, le point de vue, les situations restent toutefois romancés, adaptés pour le cinéma. Le réalisateur a souhaité privilégier 3 axes dans le récit du parcours de Sarkozy depuis 2003 à son élection : ses rapports, plus que tendus, avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin, son histoire personnelle et tourmentée avec Cécilia Sarkozy, et enfin sa gestion en tant que Ministre de l'Intérieur.
Contrairement à ce qu'on pouvait croire, Nicolas Sarkozy s'en tire bien. En revanche Dominique De Villepin est clairement présenté comme l'instigateur de l'affaire Clearstream et comme un faux-cul tirant dans le dos de Sarko et ratant tout ce qu'il touche. On aurait pu attendre une démonstration glaciale plus mordante, à charge or il n'en est rien : n'y figure qu'un portrait vérité, celles d'hommes dont l'appétit du pouvoir n'égale que leur cynisme et pour qui la fin justifie les moyens. Patrick Rotman affirme que le film n'est aucunement un pamphlet, un tract politique de dénonciation ou une œuvre à charge. Nicolas Sarkozy apparaît sous un visage humain, avec ses failles et sa vulnérabilité. Son obsession du pouvoir exige de nombreux sacrifices, parmi lesquels la séparation avec Cécilia. C'est un drame qui se joue entre Sarko et sa femme qui l'a accompagné au pouvoir pour finalement le quitter pour un autre homme. Une dimension romanesque présente un personnage sensible et humain, loin des médias.
Les dialogues de Patrick Rotman et Xavier Durringer sont d'une brutalité très plausible comme lorsque De Villepin, remontant dans les sondages annonce "Je vais le baiser avec du gravier" ou après la victoire de Sarkozy déclare "Il va nous faire une France à sa taille". De "Sarkozy sera mon dernier scalp" à "Pour me déloger, faudra y aller à l'arme blanche" en passant par "Il finira sur un crochet de boucher", voilà un échantillon des propos peu avenants que l'on entend dans le film. Rotman a également eu recours aux services de Michaël Darmon, journaliste de la chaîne I>télé et spécialiste de Nicolas Sarkozy depuis 2002 et son arrivée au ministère de l'Intérieur. Tout les deux font une petite apparition en tant que journalistes.
La musique composée par Nicola Piovani, crée une distance par rapport à l'action, proche du cirque qui évoque la théâtralité de la vie politique. Proche des musiques de Fauteuils d'orchestre, sa composition a une dimension quasi burlesque.
Après le refus de François Cluzet et d'Yvan Attal, Denis Podalydès incarne à merveille Sarkozy sans tomber dans l'outrance. Il reconstitue les mimiques, la tenue et la tonalité de voix de cet homme politique, si bien qu'on en oublie l'original. L'acteur qui a toujours voté à gauche et soutenu Ségolène Royal en 2007, a dû se détacher de ses opinions politiques pour mieux se mettre dans la peau de son personnage. Les seconds rôles ne sont pas en reste. Jacques Chirac est criant de vérité sous les traits de Bernard Le Coq. L'acteur apporte à son personnage une dimension simple, parfois comique. Samuel Labarthe est un Dominique De Villepin très convainquant. Florence Pernel, incarne une Cécilia Sarkozy pleine d'émotion et très touchante. Même s'il a peu de dialogue, on pourrait presque confondre Hippolyte Girardot et Claude Guéant. Dominique Besnehard joue Pierre Charon, l'énigmatique conseiller qui a œuvré dans l'ombre pour Sarkozy durant ses années de campagne présidentielle. Un rôle symétrique de celui qu'il a lui-même tenu pendant quelque temps pour Ségolène Royal, la candidate du Parti Socialiste. Il est à mourir de rire lorsqu'il imite cette dernière lors des répétions du débat entre les deux tours. Sa parodie est d'une cruauté sans nom.
Si le film ne nous apprend rien sur le monde de la politique, il a le mérite de nous le rappeler. La Conquête entraîne à l'aide de bons mots souvent très drôles et de petites phrases perfides dans les arcanes du pouvoir. Cela dit, la phrase du film demeure quand même : "Les hommes politiques, ce sont de vraies bêtes sexuelles". Ah bon ?
Fiche Technique
Genre : Comédie dramatique , Thriller , Biopic
Nationalité : Française
Réalisation : Xavier Durringer
Interprètes : Denis Podalydès, Florence Pernel, Bernard Le Coq, Hippolyte Girardot, Samuel Labarthe, Mathias Mlekuz, Grégory Fitoussi, Pierre Cassignard, Saida Jawad, Dominique Besnehard, Michèle Moretti, Emmanuel Noblet, Michel Bompoil, Gerard Chaillou, Nicolas Moreau, Yann Babilee Keogh, Fabrice Cals, Christophe Rouzaud, Laurent Olmedo et Patrick Rotman.
Durée : 105 minutes
Année de production : 2011
Attachés de presse : Michèle Sebbag, Nicolas Weiss et Caroline Ripoll
Date de sortie : 18 mai 2011
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