Le cinéma de Thibault

Le Nom des gens de Michel Leclerc

Synopsis

Bahia Benmahmoud, jeune femme extravertie, se fait une haute idée de l'engagement politique puisqu'elle n'hésite pas à coucher avec ses ennemis pour les convertir à sa cause - ce qui peut faire beaucoup de monde vu qu'en gros, tous les gens de droite sont concernés. En règle générale, elle obtient de bons résultats. Jusqu'au jour où elle rencontre Arthur Martin, comme celui des cuisines, quadragénaire discret, adepte du risque zéro. Elle se dit qu'avec un nom pareil, il est forcément un peu facho. Mais les noms sont fourbes et les apparences trompeuses...

L'Avis de Thibault

Après J'invente rien, tourné en 2006 avec Kad Merad et Elsa Zylberstein, Michel Leclerc réalise son deuxième film : Le Nom des gens. Pas la peine de tourner autour du poteau rose : Le nom des gens est une comédie qui penche à gauche, mais de façon adroite.

Il faut dire qu'il n'est pas facile pour Arthur Martin d'être tombé sous le charme de Bahia, la fille d'un émigré algérien et d'une pasionaria altermondialiste, une jeune femme un peu tête en l'air , qui s'attribue à elle-même la fonction de prostituée politique en ce sens qu'elle couche avec les types de droite qu'elle rencontre afin de les convertir à sa cause qui se situe à gauche. Arthur étant jospiniste, si elle sort avec lui, si elle couche avec lui, si elle reste avec lui, c'est différent : elle l'aime.

Le film s'attaque à deux sujets impropres à la comédie, l'Holocauste et la pédophilie, avec un culot et un rejet des non-dits assez sidérants. Avec beaucoup de gaieté et de tonus, ce film aborde beaucoup de sujets très sérieux : le racisme, le rejet, l'identité, les secrets de famille qui rongent de l'intérieur, l'intégration, le communautarisme... Les questions d'universalisme républicain sont abordés avec beaucoup de subtilité et font la trame de ce film : plaidoyer pour la diversité et la non discrimination. Le film réussit le tour de force de ne jamais devenir moralisateur ni caricatural.

Le sujet de la mixité est à la mode, mais celui-ci est traité avec une telle sensibilité et des dialogues tellement bien écrit, que c'est fin et hilarant. L'humour est omniprésent malgré la gravité des sujets évoqués. Le scénario est étincelant de trouvailles, innovant et comique. Le rythme est infernal. Enfin une chronique de notre société contemporaine qui n'engendre pas la morosité. Les scènes succulentes succèdent aux scènes émouvantes et aux scènes franchement drôles, quand elles ne sont pas à la fois succulentes, drôles et émouvantes ! Certaines scènes sont hilarantes. A ce titre, la scène d'un repas familial réunissant Arthur Martin, Bahia Benmahmoud et les parents des deux protagonistes est tout simplement une scène d'anthologie. La scène où Bahia commet gaffe sur gaffe en présence des parents juifs de son amoureux est inouïe, jubilatoire et cathartique.

Tous les acteurs sont parfaits. Sara Forestier, avec une énergie communicative, crève l'écran. En gauchiste militante, elle est épatante. Jacques Gamblin, que l'on est toujours heureux de retrouver en jospiniste éberlué, est sobre et élégant entre rire et émotion. Le film contient même une apparition de Lionel Jospin, sorti de l'Ile de Ré, qui vient pointer le bout de son nez, jouant son propre rôle tout en autodérision. Michèle Moretti est toujours formidable et Jacques Boudet est hillarant.

La comédie politique n'est pas un exercice facile mais Michel Leclerc y réussi au-delà de toute espérance. Une sorte de tour de magie, trop rare pour le rater.

Fiche Technique

Genre : Comédie

Nationalité : Française

Réalisation : Michel Leclerc

Interprètes : Jacques Gamblin, Sara Forestier, Zinedine Soualem, Carole Franck, Jacques Boudet, Lionel Jospin, Antoine Michel, Cyrille Andrieu-Lacu et Michèle Moretti

Durée : 104 minutes

Année de production : 2009

Attachée de presse : Florence Narozny

Date de sortie : 24 novembre 2010