Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Les Yeux de sa mère, le 17 aout 2011 en DVD ****

Les Yeux de sa mère, le 23mars au cinéma ****

Les Yeux de sa mère de Thierry Klifa

Synopsis


Un écrivain en mal d'inspiration infiltre la vie d'une journaliste star de la télé et de sa fille danseuse étoile pour écrire à leur insu une biographie non autorisée. Pendant ce temps, en Bretagne, un garçon de 20 ans, Bruno, qui habite avec ses parents, ne sait pas encore les conséquences que toute cette histoire va avoir sur son existence...

L'Avis de Thibault

Ancien journaliste à Studio Magazine, Thierry Klifa confirme! Il confirme qu'il est un grand du cinéma français. Après Une vie à t'attendre, Le héros de la famille, Les yeux de sa mère, son troisième long métrage, donne un nouvel aperçu de son immense talent.

Maria, une danseuse étoile reconnue, est la fille de la présentatrice phare du 20 heures, Lena Weber, une sorte d'hybride entre Claire Chazal et PPDA. Mais leur lien n'est que génétique, car la mère n'a jamais eu beaucoup de temps pour sa fille, obnubilée par sa carrière cathodique, qui a finit par trouver en sa tante, sa vraie mère. Mais Maria a reproduit un schéma proche de celui de sa mère. A 16 ans, pour ne pas freiner sa carrière de danseuse, elle décide de ne pas garder son enfant et de le faire adopter. Mais à la mort de son père, elle prend conscience de ce manque et décide de prendre contact avec son fils, un ado qui vit à toute vitesse du fond de sa Bretagne. Auteur d'un ouvrage très personnel 10 ans plus tôt et depuis sans inspiration, Mathieu, un écrivain en mal d'inspiration, vit dans la douleur de la perte de sa mère. Pour vivre il enquête sur cette famille pour sa prochaine biographie non autorisée. Mathieu va révéler les non-dits pesants, les drames cachés et les carences affectives.

Comme pour ses autres films, Thierry Klifa a coécrit le scénario des Yeux de sa mère avec Christopher Thompson dont on sait l'amour des récits à multiples personnages. Le désir en est très perceptible. Il enchevêtre son scénario au millimètre, avec une science du détail intime.

Contrairement au Héros de la famille qui tournait autour de la figure paternelle, c'est la mère qui est ici au centre du film, traitant à la fois de la mère absente, la mère qui abandonne, la mère de substitution, la mère adoptive... Les liens entre la mère est l'enfant sont étudiés sous différentes formes, toutes intéressantes, toutes traitées avec pudeur et tendresse. L'attirance de la mère, la fille et le petit-fils pour le même homme est une piste intéressante.

Se plaçant d'emblée sous l'influence d'Almodovar avec le rapport à l'Espagne, la présence de Marisa Paredes, les relations amoureuses douloureuses et compliquées, les hôpitaux, le milieu du spectacle, les rebondissements mélodramatiques, le réalisateur tisse une tragédie très bien écrite avec de l'ambition et de la finesse, en y ajoutant une touche bien française, à la Claude Sautet. Il y a des moments virtuoses dans ce film, comme la scène où sont entrelacés un match de boxe, un journal télévisé et une représentation de danse. Procédé déjà utilisé dans Fauteuils d'orchestre avec un concerto, une pièce de théatre et une vente aux enchères.

La musique de Gustavo Santaolalla qui a collaboré à tous les films de Alejandro González Inárritu dont Babel pour lequel il est récompensé par un Oscar de la meilleure musique en 2007, est magnifiquement belle. La bande sonore donne lieu à des retrouvailles, inattendues mais tellement émouvantes, avec l'immense Serge Reggiani. Après Nathalie Baye, Emmanuelle Béart, Cathrine Deneuve et Géraldine Pailhas, c'est au tour de Jean-Baptiste Lafarge de pousser la chansonnette avec Ma fille.

Son talent pour sublimer ses acteurs est intact et tous les interprètes du film sont remarquables. Catherine Deneuve est époustouflante et touchante. Très ressemblante à Marie-Claude Pietragalla, on retrouve aussi la discrète mais convaincante Géraldine Pailhas. Son jeu subtil fait naître l'émotion. Comédienne exceptionnelle et d'une phénoménale beauté, elle est ici et une fois encore, un régal pour le regard autant que pour le cœur. Nicolas Duvauchelle offre une de ses plus belles prestations, mystérieux, émouvant et touchant. Le comédien donne une vraie ambigüité à son rôle et incarne une fragilité à l'opposé de ses précédents emplois. Jean-Baptiste Lafarge est bluffant. Il crève l'écran dans un premier rôle pourtant complexe. pour son premier film. Une vraie révélation. Un César en vue ? Il faudra assurément suivre ses prochaines prestations car on souhaite que d'autres réalisateurs sauront s'y intéresser, pourquoi pas André Téchiné... La grande Marisa Paredes, héroïne d'Almodovar, à elle aussi un rôle taillé sur mesure. Marina Foïs, généreuse et sensible en mère d'un enfant sur le point de quitter le nid familial, est également très touchante. Avec Jean-Marc Barr, ils forment un couple harmonieux à l'écran et sont d'un grand réalisme dans des rôles malheureusement trop secondaires. Hélène Fillières, Gilles Cohen et Karole Rocher complètent le casting.

Destins croisés, destins parallèles, destins mêlés, les vies s'entrechoquent, se font et se défont, en nous entrainant dans cette histoire captivante. Ce film remue et explore toutes les facettes des sentiments amoureux, du deuil à la naissance.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Française et Belge

Réalisation : Thierry Klifa

Interprètes : Catherine Deneuve, Géraldine Pailhas, Nicolas Duvauchelle, Marisa Paredes, Marina Foïs, Jean-Marc Barr, Jean-Baptiste Lafarge, Hélène Fillières, Gilles Cohen, Karole Rocher, Fred Ulysse, Sylvain Groud, Magali Woch, Romain Goupil et David Saracino

Durée : 105 minutes

Année de production : 2010

Attachés de presse : Myriam Bruguière, Olivier Guigues, Thomas Percy et Wendy Chemla

Date de sortie : 23 mars 2011

 

 


LES YEUX DE SA MÈRE : BANDE-ANNONCE



01/04/2011
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