Le cinéma de Thibault

Le cinéma de Thibault

Séance de rattrapage : La Permission de minuit ***

La Permission de minuit, le 2 mars au cinéma ***

La Permission de minuit de Delphine Gleize

Synopsis


C'est une amitié hors normes. David a 50 ans, Romain en a 13...
David, professeur en dermatologie, fou de son métier, le soigne et l'opère depuis qu'il a 2 ans.
Atteint d'une déficience génétique rare, Romain vit à l'écart de la lumière du jour.
C'est "un enfant de la lune".
Rien ne semble pouvoir les séparer jusqu'au jour où David obtient une mutation qu'il n'attendait plus. Comment annoncer à Romain son départ ?
Le jour de la séparation approche, une nouvelle épreuve pour l'un et pour l'autre.

L'Avis de Thibault

Après un très beau documentaire Cavaliers seuls, coréalisé avec Jean Rochefort, Delphine Gleize revient à la fiction avec La permission de minuit et porte son attention sur une maladie rare, et ce du point de vue d'un malade.

Le film raconte l'histoire d'un adolescent souffrant de xeroderma pigmentosum, qui le contraint à vivre à l'abri de la lumière, avec son médecin traitant. Il faut beaucoup de tact et de délicatesse pour ne pas transformer un tel sujet en une sorte de plaidoyer tire-larmes, à l'émotion facile et convenue. Le sujet est traité avec beaucoup de pudeur et de sensibilité.

Le scénario est original. Partir d'une exception pour aborder des problèmes plus généraux : ceux de la vie courante, de l'amour, de la sexualité, de l'adolescence, des liens parentaux... Le film voit juste et ne donne pas dans l'exagération, en explicitant bien cette singularité avec des scènes très simples et très justes.

Cette maladie des enfants de la Lune offre sur le plan des idées quelque chose d'intéressant. Tout le quotidien habituel, polarisé par la lumière du soleil est inversé. L'enfant est contraint à la nuit, à l'obscurité et à la solitude. Ici, la nuit c'est la loi, c'est la règle, c'est le seul espace-temps envisageable pour Romain. Le soleil, s'il n'est pas contourné, s'il n'est pas refroidi par astuce ou technique, est considéré comme la mort. L'enfant de la lune n'a pas la permission, mais l'obligation de minuit.

La permission de minuit décide de traiter du lien médecin-malade, dont on sait quelle importance il a dans toute thérapeutie médicale. Le film aborde bien le renversement auquel il veut parvenir : entre le médecin David et le malade, s'instaure non pas une asymétrie du côté du médecin, mais presque du côté du malade : c'est Romain qui aide davantage David, que David Romain puisque Romain est incurable. Le film développe donc une sorte de relation affective entre les deux personnages, jusqu'à une substitution partielle du lien paternel, puisque le père biologique de Romain a quitté le domicile conjugal. Avec Carlotta, David forme un couple qui se dispute métaphoriquement la garde de l'enfant. Le métrage est intéressant dans son analyse des sentiments. Le film montre davantage les embarras et les craintes de David face à Romain, que les peurs de Romain face à la mort.

Vincent Lindon continue à appliquer les mêmes recettes du dur au cœur tendre, au doux regard éploré, bourru et taciturne, mais avec une grande âme au fond. Le comédien de Welcome et Mademoiselle Chambon apporte toute son humanité dans ce rôle de chirurgien qui s'attache à son jeune patient atteint d'une maladie incurable, le xeroderma pigmentosum. Il est poignant dans ce film. Quentin Challal est très bon dans ce face a face avec l'acteur. Le jeune n'avait jamais fait de cinéma avant La Permission de Minuit. Le film marque la troisième collaboration entre Vincent Lindon et Emmanuelle Devos, après La Moustache et Ceux qui restent.

La permission de minuit est une belle histoire, épurée, sans fantaisie qui rend le moment encore plus fort. Une œuvre poignante.

Fiche Technique

Genre : Drame

Nationalité : Française

Réalisation : Delphine Gleize

Interprètes : Vincent Lindon, Emmanuelle Devos, Caroline Proust, Nathalie Boutefeu, Quentin Challal, Laurent Capelluto, Eric Naggar, Solène Rigot, Maxime Renard, Alexandre Boucher et Dominique Baeyens

Durée : 110 minutes

Année de production : 2010

Attachée de presse : Marie-Christine Damiens

Date de sortie : 2 mars 2011
 
  


05/03/2011
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 18 autres membres