Séance de rattrapage : Simon Werner a disparu... ***
Simon Werner a disparu... de Fabrice Gobert
Synopsis
Mars 1992 dans une petite ville de la région parisienne.
Lors d'une soirée bien arrosée, des adolescents découvrent dans la forêt un corps apparemment sans vie, enfoui dans les broussailles.
Quinze jours plus tôt.
Au lycée Léon Blum, un élève de Terminale C, Simon Werner manque à l'appel. Des traces de son sang sont retrouvées dans une salle de classe. Fugue, enlèvement, suicide, meurtre ? Toutes les hypothèses sont envisagées par ses camarades.
Quelques jours plus tard, une élève de la même classe est notée absente sans que ses parents sachent où elle est. Une jeune fille apparemment sans histoire et sans lien direct avec Simon.
Le lendemain, un troisième élève, toujours de la même classe, disparaît à son tour...
L'Avis de Thibault
Premier long métrage de Fabrice Gobert, présenté à Cannes 2010 dans la sélection Un Certain Regard, Simon Werner a disparu est un polar original que l'on pourrait presque qualifier d'anti-polar.
L'action se passe en 1992 dans un lycée en grande banlieue parisienne et elle raconte le vent de panique qui gagne ce lycée lorsqu'un lycéen disparait mystérieusement. Toute la classe de terminale C commence alors à se faire plein de films et à imaginer des thèses et à désigner des coupables...
L'aspect policier ne sert qu'à nous raconter la même histoire vu sous l'angle de 4 personnages différents. La référence à Elephant de Gus Van Sant est affirmée. Tant dans le montage que les cadrages ou encore la photographie. Lorsqu'un événement hors du commun survient, toute micro-action se voit interprétée de mille manières. Fabrice Gobert fait le pari d'entraîner le spectateur vers autant de fausses que de bonnes pistes, lui laissant le loisir, en fin de course, de trouver sa conclusion. On est accroché face à cette intrigue au cœur d'un lycée, qui nous ramène à cette époque des commérages de couloir, des premiers émois, des films qu'on peut se faire dans la tête à cet âge... Le réalisateur choisit intelligemment de nous mener en bateau et démontre avec jubilation comment on peut faire d'une taupinière une montagne, en prêtant une oreille attentive à la rumeur, infondée ou amplificatrice, en n'envisageant que l'apparence trompeuse.
Le film mélange les genres de façon assez habile. On pense à la fois au teen-movie, au film d'épouvante et au polar qui alternent au fur et à mesure des retournements narratifs.
Il dissèque au passage le monde très codifié des lycéens, mais où les figures caricaturales des teen-movies sont ici bien plus complexes et réalistes. On reconnaît ainsi les différents stéréotypes comme le sportif, la bombe du lycée, le marrant, la marginale ou encore la tête à claques. Cependant, les apparences peuvent être trompeuses et ne se figent pas dans une posture immuable. Le film est également très réussi, notamment par la superbe photo d'Agnès Godard. Les plans sont soignés et réfléchis, et savent être le prolongement des émotions des personnages.
Les jeunes acteurs sont convaincants. Après un petit rôle dans Bus Palladium de Christopher Thompson, Jules Pelissier confirme qu'il a un certain talent. Dans la distribution, Ana Girardot, fille d'Hippolyte Girardot et d'Isabel Otero se révèle. Elle montre un talent déjà bien prononcé. Laurent Delbecque éveille notre curiosité et Arthur Mazet est devenu un acteur mature depuis Nos jours heureux. Serge Riaboukine en prof un peu bizarre fout la frousse au détour d'un couloir désert, silencieux et peu éclairé.
Très imprégné de musique et culture rock au lycée, le réalisateur a, dès le départ, choisit d'établir une bande-originale qui en soit représentative. Il a ainsi composé une playlist, où se mêlaient souvenirs et références. Pour la composition originale, son idéal était de faire appel à un groupe emblématique de l'esprit rock des années 90 : Sonic Youth. La bande son est parfaite et contribue à donner au film une aura particulière de première oeuvre originale et plutôt maîtrisée.
Le réalisateur et scénariste Fabrice Gobert signe un film très captivant qui joue avec l'imaginaire du spectateur. Cette chronique de l'adolescence, à la fois intime et intrigante, quelques fois flippante, est un bel ovni à découvrir. Ce qui semble logique ne l'est pas et vice-versa...
Fiche Technique
Genre : Thriller
Nationalité : Française
Réalisation : Fabrice Gobert
Interprètes : Ana Girardot, Jules Pelissier, Esteban Carvajal Alegria, Laurent Delbecque, Serge Riaboukine, Audrey Bastien, Arthur Mazet, Alice Butaud, Laurent Capelluto, Yan Tassin, Selma El Mouissi, Matthew Nadu, Jean-Philippe Goudroye et Louis Farge
Durée : 93 minutes
Année de production : 2009
Attachées de presse : Marie Queysanne et Camille Bonvallet
Date de sortie : 22 septembre 2010
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