Jacquou le croquant, le 10 octobre 2007 en DVD ****
Jacquou le Croquant de Laurent Boutonnat
Jacquou Le Croquant est l'adaptation cinématographique du roman homonyme d'Eugène Le Roy. C'est avec cet ouvrage initialement publié en feuilleton dans La Revue de Paris sous le titre La Forêt Barade en 1899, que l'auteur accède à la notoriété. Plus qu'un simple roman "régionaliste" ou "champêtre", Jacquou Le Croquant revendique et possède en effet une dimension plus large. En plus d'une description fine et fidèle des us et coutumes paysannes au début du XIXème siècle en Périgord et de la société provinciale de la Restauration, et au-delà d'un certain "folklore", c'est un roman de dénonciation sociale, une œuvre militante qui stigmatise le retour à l'Ancien Régime, le pouvoir discrétionnaire du Roi et de l'aristocratie, l'influence des religieux... et plaide pour l'égalité et la justice républicaine.
Synopsis
1815. Jacquou, jeune paysan du Périgord, vit heureux avec ses parents. Par la faute d'un noble cruel et arrogant, le comte de Nansac, il devient orphelin et misérable. Jurant de se venger, Jacquou va grandir et s'épanouir sous la protection du bon curé Bonal qui le recueille. Grâce à des amis sûrs et à Lina, une jeune fille patiente et lumineuse, il deviendra en quelques années un jeune homme déterminé et séduisant. Il saura transformer son désir de vengeance en un combat contre l'injustice, et prouver qu'un simple croquant n'est pas dénué de grandeur.
L'Avis de Thibault
Jacquou Le Croquant est l'adaptation cinématographique du roman homonyme d'Eugène Le Roy, un classique de la littérature française.
Après l'échec de Giorgino, Laurent Boutonnat réalise cette fresque historique, digne d'un grand clip de Mylène Farmer où l'on retrouve certains plans de Libertine, Ainsi soit je... ou Désenchantée. Le film passe comme une lettre à la poste car le cinéaste a l'habileté d'investir le spectateur dans son film de 2 h 37.
Jacquou le croquant a tout du film d'aventure épique. Le scénario est prenant à mi chemin entre le récit historique et l'épopée. Cette grosse production française n'a rien à envier aux productions hollywoodiennes du genre.
Le scénario se concentre sur le cheminement de Jacquou. De fait, le film peut être coupé en deux parties : l'enfance, puis la vengeance de Jacquou, envers le comte de Nansac. La première partie prend le temps de mettre en place l'histoire, permettant au spectateur de s'attacher au héros. L'enfance tragique permet de saisir la force que Jacquou va puiser dans sa souffrance. Cette longue aventure est transcrit avec sobriété et émotion par le réalisateur, qui parvient à capter des regards et des expressions de visage des personnages qui en disent souvent beaucoup comme la mort des parents de Jacquou vu par ce dernier. La première partie est bouleversante voire touchante.
La seconde partie, plus optimiste et palpitante, montre une évolution très nette chez l'auteur et offre une œuvre flamboyante et très riche. Jacquou a grandi. Digne d'un héros Cornélien, partagé entre son désir de vengeance et de justice, il suivra donc son destin.
Dans cette œuvre, le créateur laisse un rôle primordial à la nature, qui accompagne les personnages de chair dans leur périple. Le film foisonne de symboles : lune, nuit, paysages enneigés, orage, animaux (biche, hiboux, loups, corbeau...) et autres références à l'univers de Boutonnat. On redécouvre une nature sublimée, une neige esthétisée, des champs à perte de vue où la caméra aime se poser, prendre son temps et capter les émotions. On sent l'ambiance se développer sous les doigts du réalisateur, car il est définitivement un cinéaste qui donne le temps aux choses de se construire, de naître, de vivre puis de mourir.
Léo Legrand (Tout pour plaire) a tout d'un Grand [1]. Il est sensationnel et crève l'écran en incarnant Jacquou enfant. Le charismatique Gaspard Ulliel confirme son talent d'acteur, après avoir tourné avec André Téchiné, Jean Pierre Jeunet et Michel Blanc. Les deux comédiens sont en adéquation totale. D'une part, ils se ressemblent physiquement et d'autre part, ils jouent sur la même onde.
Pour faire un bon film, il faut un bon méchant et Jocelyn Quivrin est l'incarnation du "bad guy" absolu. Cruel, prétentieux, il se donne à 200 %. Il y a également de belles surprises côté seconds rôles, puisque si l'on reconnaît avec plaisir le jeu des comédiens Albert Dupontel, Marie Josée Croze, Tchéky Karyo et Oliver Gourmet, on découvre de nouvelles comédiennes aux côtés du héros : Judith Davis, ravissante tout en fragilité et Bojana Panic trouble au charisme surprenant. Malik Zidi et Gérald Thomassin, quand à eux sont sous employés. Jacquou le Croquant offre des scènes d'anthologie particulièrement saisissantes comme celle du bal où le concours de danse du village se transforme en véritable duel entre Jacquou et Nansac dont certains plans sont tirés de Libertine ou même la scène du puits qui rappelle étrangement le clip Ainsi soit je...
Saluons le travail formidable du maquilleur qui arrive à vieillir de 15 ans Jocelyn Quivrin ou Dora Doll sans que cela ne soit trop gros. Un gros travail de références iconographiques a été réalisé. On reconnaît Jean-François Millet, peintre des paysans, mais aussi Rembrandt pour les intérieurs et la qualité des lumières.
Jacquou le Croquant est donc un film grandiose, soutenu par une musique sublime, composée bien entendu par Laurent Boutonnat lui-même. Soulignons que Mylène Farmer compose Devant soi, le titre du générique final, après avoir doublé Sélénia pour Besson. La chanson résume très bien le film.
Fiche Technique
Genre : Aventure
Nationalité : Française
Réalisation : Laurent Boutonnat
Casting : Gaspard Ulliel, Marie-Josée Croze, Albert Dupontel, Jocelyn Quivrin, Malik Zidi, Léo Legrand, Olivier Gourmet, Judith Davis, Bojana Panic, Jérôme Kircher, Gérald Thomassin et Dora Doll
Durée : 150 minutes
Année de production : 2006
Date de sortie : 17 janvier 2007
Site officiel : http://www.jacquoulecroquant-lefilm.com/accueil.htm
Budget : 20 300 000 euros
N° de visa : 111 699
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